Saison 7 - Grèce : de Chios à Cythère.
Le 9 juin, nos amis Sonia et Fabien nous retrouvent sur l’île de Chios, à Lagkada où nous les attendons avec impatience.
Ces derniers jours, je n’ai cessé de tourner le problème dans tous les sens : durant le court séjour de nos invités, le vent ne nous laissera pas de repos. D’un commun accord avec Christophe, le projet est donc de faire un petit bord de voile ( si petit) de 5 milles pour rejoindre le mouillage de l’île de Oinoússes, à l’Est de Chios, d'y trouver une place au quai le lendemain pour 4 jours.
Pour nos amis, ce sera une soirée en mouillage forain et une heure de voile. On a fait mieux, mais bon, la météo conjuguée au petit créneau pendant lequel Sonia et Fabien nous accompagnent ne laissent pas beaucoup d'alternatives. On se console en se disant que le plus important est de se voir. Nous avons tout de même concocté un joli programme sur l’île qui ne manque pas de belles plages et de promenades. L’avantage de poser notre Endurance contre le quai ( le terme étant longside) est que nous pouvons l’y laisser en sécurité deux nuits afin de nous échapper sur Chios où nous avons loué une voiture pour visiter les villages de montagne connus pour leur architecture et le Mastic, produit emblématique de Chios.
Comme prévu, à 13h, nous embarquons Sonia et Fabien et quittons sous voile Langkada pour Oinousses.
Petit bain frisquet, paddle, bronzage et nuit au mouillage, retrouvailles ... tout est bien .
Le lendemain, l’ancre remonte et nous nous engageons pour accoster à Oinousses que nous connaissons pour y avoir passé quelques jours. Le capitaine du port nous demande de nous positionner sur un autre quai, non pas en longside, comme nous comptions le faire , mais sur notre ancre et amarres en poupe. Nous tentons de lui expliquer que nous devons laisser notre voilier seul et que la position en longside est plus sûre. A notre grande surprise, il refuse que nous abordions le quai qui est pourtant vide.
Christophe insiste, je préfère partir, le plan B est prêt.
Au moment où nous sortons du port, Antonio, capitaine de ferry de son état avec lequel nous avions sympathisé lors de notre précédent séjour appelle sur mon portable surpris que nous partions. Après lui avoir expliqué les raisons, il nous convainc de revenir et d’accoster comme nous l'entendons malgré tout : il va voir le capitaine.
Dix minutes après, nous revoilà sortis du port : le capitaine est resté sur ses positions, invoquant un grand nombre de bateaux à venir, ce qui est son droit. Antonio a décrété qu’il y avait quelques imbéciles sur l’île !
Comme il faut bien que l’on trouve un abri impérativement avant le soir, nous partons pour un tour de Chios par le Nord afin de rejoindre sur la côte Ouest le petit port de Volissos qui nous a été conseillé. Il s’agit d’un quai très bien abrité où jamais personne ne passe. Nous croisons les doigts pour que le plan B fonctionne.
Le C est prêt mais plus compliqué à mettre en œuvre dans les délais. C’est donc parti pour 35 milles, parcourus en grande partie au moteur faute de vent . Et oui, ici c’est tout ou rien, voiles réduites ou moteur !
On a du mal à imaginer que le temps va se gâter.
A 14h45, enfin du vent ! Nous naviguons sous génois, grand voile et artimon. Les copains profitent sur le pont du petit vent et du soleil.
15h30, le vent monte : de 8 noeuds, on passe à 20 noeuds, on ne va pas prendre un ris maintenant à 1 heure de l’arrivée, c’est trop bête ! C’est le génois que l’on réduit un peu.
Le temps de finir la manœuvre, le vent monte encore, 25 noeuds , puis 30… 32 . La mer se transforme en même temps que le vent enfle. Du jamais vu ! De 8 à 32 noeuds en l’espace de 10 minutes.
En urgence, je demande à Christophe d'enrouler tout le génois. Nous filons sous grand voile entière et artimon. Sonia qui était endormie sur le pont , nous a vite rejoint dans le cockpit.
Je suis particulièrement tendue. J’ai la responsabilité de nos amis , mais également du bateau. Comment vais je faire une manœuvre de port avec ce vent ?
Nous décidons avec Christophe d’aller jusqu’au bout de cette option. Si le vent persiste ,on passe à l’option C, moins sympa pour nos invités qui vont devoir supporter cette mer plus longtemps, mais plus sûre pour le bateau qui accostera sur un quai distant de 15 milles, mais » prétendument » moins venté.
Finalement, à 1 mille du port de Volissos, le vent tombe. Il n’y a plus rien. C’est un réel soulagement. On prend place derrière un catamaran qui a vécu les mêmes aventures que nous et arrive également de Oinousses. Nous resterons ici 8 jours.
Nos plans changent au gré du vent, mais nous nous adaptons et avons bien l'intention de profiter de nos amis.
Limnia Volissos
La visite du village de Volissos vaut le détour. Il n’y a plus que 223 habitants, mais ce fut le chef lieu de la partie Nord de Chios. Son école en est une vive illustration . Si aujourd’hui il n’y a plus que 30 élèves de la maternelle à la terminale, ils ont été jusqu’à 300 à la belle époque de cette petite ville. Une des enseignantes nous a pris en stop, désireuse de nous éviter les 25 minutes de grimpette sous le soleil. Elle nous fait visiter l’école qui est très silencieuse. Les élèves de terminale passent leurs examens.
Le jeudi 12 juin, nous prenons le bus qui, au terme d’un voyage d’environ 1h30, nous dépose au port de la ville de Chios où nous avons réservé une voiture.
Nous sommes prêts pour la visite des villages « Mastic »et un tour de l’île.
Agio Cala et son église troglodyte du XII siècle.
Nous allons pouvoir grimper jusqu’à l’église mais malheureusement la grotte est fermée. Nous apprenons sur place que hors saison ce n’est ouvert que le week-end.
Mesta, un des villages moyenâgeux de Chios
Incontournable si l’on visite Chios, le Musée du Mastic
Il se trouve dans la région des « Mastihohoria » ( villages à Mastic) où l’on récolte le lentiste de la variété Pistacia lentiscus chia dont on extrait le mastic, une gomme résineuse sécrétée par le tronc et les branches du pistachier lentiste. Le mastic est utilisé aussi bien en pharmacie, cosmétique, mais aussi dans la confection de boissons, pâtisseries, bonbons etc…
C’est à l’antiquité que des médecins grecs découvrent les vertus pharmaceutiques du mastic. Au temps de l’apogée de l’empire romain, on en fait du vin, à la période byzantine c’est un produit de luxe, c’est sous l’ère génoise ( 1346-1566) que le Mastic s’exporte sur les marchés d’Orient et d’Occident. Sous l’empire ottoman les villages à Mastic très prospères ont un statut administratif autonome.
Un Peu d’ombre ne fait pas de mal !
Olympi, village du XIII siècle. Un bijou !
Pyrgi, village médiéval, appelé aussi le village peint.
Il est connu pour la décoration de ses façades avec des dessins architecturaux appelés xysta.
Après deux jours de visites et de baignades, nous raccompagnons Sonia et Fabien à l’aéroport de Chios, en se promettant un séjour plus long la prochaine fois.
Nous revoilà face à la météo et notre programme. Initialement, nous devions descendre sur les îles du Dodécanèse et Rhodes. Or, le Meltem omniprésent nous gâche la partie. Nous en avons marre de jouer à cache cache avec le vent . D’un commun accord, nous oublions notre « programme » et décidons de fuir ces îles qui pour l’instant ne sont pas hospitalières.
Quelques images de la météo pendant cette période.
On part pour une grande transversale , d’Est en Ouest . Nous visons le Péloponnèse et Kalamata que nous ne connaissons pas .
Départ de Volissos le mercredi 18 juin pour l’île d’Ikaria.
Traversée de 62 milles entre pétole au moteur et 30 noeuds d’un vent portant.
jeudi 19 juin debout 5h00 pour la traversée Ikaria- Anti Paros dans les Cyclades. Record de vitesse 8,7 noeuds avec un vent 18 noeuds, au largue. De l’eau rentre par l’évacuation de la pompe de cale. Du travail pour le plombier du bord.
le 20 juin, Anti Paros - Milos , 37 milles à la voile.
Samedi 21 juin, Milos ( Cyclades) Ilias Bay ( Péloponnèse) 69 milles de 9 à 34 noeuds sur le trajet. Bonne moyenne et surtout , un thon !
A notre très grande surprise un thon se prend à la ligne, qui en général fait juste trempette !
Le pêcheur est heureux. Un thon de 8 kg !
Notre première nuit sur la côte du Péloponnèse n’est pas de tout repos. Le mouillage est bien abrité, mais le vent ne nous laisse pas de répit. La nuit est courte avec des rafales jusqu’à 35 noeuds. A 5h le vent ne semble pas vouloir se calmer, nous quittons notre abri avec 42 noeuds de vent. Ca suffit maintenant !!
Nous filons 8 à 9 noeuds sous génois réduit. On atterrit à Karavostasio, où nous ne sommes que très peu abrités de la mer, mais tant pis on en a marre.
Le lendemain, on déménage 21 milles plus loin, dans le mouillage de Kitries, près de Kalamata, enfin serein!
Christophe s’occupe du thon : en boîte, sous vide, séché, congelé. Pas de gaspillage!
En se rasant, le cuistot du bord perd un verre de lunette dans 8 mètres de fond. Dommage, ce sont des verres progressifs, et il n’a pas de seconde paire. Nous appelons la Marina de Kalamata pour avancer notre séjour.
kitries
le mardi 24 juin, nous nous installons à la Marina de Kalamata pour 5 jours.
La priorité est de trouver un opticien rapide et sérieux. On dégote la perle rare, qui en plus d’être professionnel pratique des tarifs très raisonnables.
Nous avons une autre urgence à gérer. En quittant le mouillage de Kitries, notre moteur laissait échapper une fumée blanche pas très rassurante.
La chance nous sourit, et nous trouvons un mécanicien aussi talentueux que l’opticien. Il s’agit du père du propriétaire du shipchandler auquel nous avons demandé conseil.
Il a pu se rendre à bord à notre arrivée. Après avoir vérifié le filtre à air, le coude d’échappement qui s’est avéré propre, puis avoir démonté et vérifié également les injecteurs, restait le réglage des soupapes. Progressivement et très professionnellement, il est passé d’une étape à l’autre. Notre moteur est comme neuf !
Comme à notre habitude, nous avons profité de l’escale pour visiter les environs.
Kalamata
au port
La visite de l’Ancienne Messene est un passage incontournable.
Nous y sommes à 8h00 pour l'ouverture et déjà le thermomètre affiche 30°c
le stadium est grandiose, nous n’en revenons pas.
le théâtre
L’Agora
Nous avons eu le site, pour nous ! Juste incroyable.
L’Ancienne Messene a été fondée en 369 avant JC. Nous avons vraiment été impressionnés par son état de conservation et sa superficie. C'est aujourd’hui le site archéologique le mieux conservé de Grèce.
Notre périple reprend… après cette pause , nous repartons vers l’Est tranquillement. Nous réalisons un bref passage à Koroni pour admirer le coucher de soleil sur sa citadelle. Nous n’irons pas à terre, Koroni avait fait l’objet d’une belle escale il y a deux ans.
Nous avons envie de mouillages solitaires et d’eau limpide. C’est à Foinikina que nous trouvons notre bonheur .
Foinikina
Après deux jours de farniente, nous levons l’ancre pour poursuivre notre progression avec en point de mire la Crête. Un arrêt à Cythère est envisagé pours nous abriter du vent ( à nouveau) en attendant une fenêtre météo favorable.
Une soirée à Gerolimenas avant de rejoindre Cythère.
Départ pour Cythère le 4 juillet.
Vent arrière, puis grand largue , puis travers. Le vent ne cesse de monter. Nous finissons bon plein avec 37 noeuds , sous grand voile 3 ris ( on a loupé notre second ris), génois réduit, artimon 1 ris. On se prend des paquets d’eau. Quand on arrive enfin à l’abri de Kapsili à Cythère, nous sommes intégralement trempés, mon téléphone est HS ( il a été surpris par une vague) , les lattes de la voile d’artimon ont disparu …
Heureux d’être arrivés !
Nous nous apprêtons à quitter Cythère pour la Crète. Le 7 juillet, nous aurons un bon créneau.
Vous vous demandez peut être comment varier les plaisirs avec un thon aussi gros que celui qui s’est pris à notre ligne .
Nous t’en avons pour quelques repas …
et la spécialité du chef : filet de thon séché.
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