Saison 5 . Août 2023 - Peloponnèse- îles Ioniennes- Peloponnèse.
Trajet du mois d'août
Fin juillet, nous quittons Cythère, berceau d'Aphrodite . Nous y serions bien restés, mais il y a tant à découvrir en Grèce. Et nous avons fait si peu. Nous avançons à un rythme de tortue qui nous convient finalement très bien. Un éloge de la lenteur ...
Cap sur Elafonisos, petite île qui semble raccrochée au continent tellement elle en est proche. Ses eaux sont superbes et nous avons hâte d'y plonger notre ancre.
Nous y atterrissons après une belle navigation de 20 milles portée par un bon vent de Nord Est : nous enregistrons des pointes à 8.5 noeuds.
Comme partout où les eaux sont exceptionnelles, nous ne sommes pas seuls. Cependant, on constate avec plaisir que le mouillage n'est pas surpleuplé comme le mois d'août le laisserait supposer.
Le soleil vient de se coucher et un vent d'Est se met à souffler. Nous ne sommes plus abrités de la mer qui commence à rentrer. On lève l'ancre pour faire le tour de l'île et se retrouver comme sur un lac . Une bonne nuit en perspective ! Nous y arrivons à 22h00, mais la lune est avec nous et nous distinguons bien le sable où poser notre ancre. Un yacht ne tarde pas à nous rejoindre ainsi que deux autres voiliers.
Au petit matin, nous profitons des eaux exceptionnellement claires pour un bon bain et une nouvelle rencontre avec une tortue, pas farouche du tout.
Le 2 août, départ pour Gytheio, navigation de 31 milles qui s'annonce à la voile sur un seul bord. Dans une jolie brise 5 noeuds de moyenne, nous suivons un voilier qui semble suivre la même cap, quand soudain nous le voyons se coucher. Un coup d'oeil rapide sur l'horizon nous renseigne vite : la mer se ride et prend une teinte bleue foncée , un peu d'écume se soulève... Nous avons l'impression que les embruns surfent à la surface, comme une légère fumée. Ca s'annonce musclé !
Nous réduisons vite notre génois et restons grand voile haute, parés à choquer.. Et ça arrive... 26 noeuds. C'est chouette, on avance tellement bien. L'Endurance adore le vent soutenu.
On est heureux, quand soudain un vacarme à l’avant nous fait bondir. J’ai commis l'erreur de laisser à poste notre génois léger sur son emmagasineur . Nous n'avons pas du l'enrouler assez serré, il vient de prendre l'air et une poche s'est formée qui risque de le déchirer.
Pas le choix, il faut l'affaler derrière le génois. Je choque la drisse pendant que Christophe tente de garder la voile sur le bateau, mais elle finit par passer en partie à l'eau... Vite, on la récupère, malheureusement trop tard pour éviter une déchirure. Ce ne sera en définitive pas très grave, mais nous voilà privés pour le reste de la saison de cette voile tellement pratique dans le petit temps. Je suis furieuse d'avoir été aussi peu prévoyante. La météo n'annonçait pas autant de vent, mais l'expérience des prévisions trop souvent imprécises aurait dû me rendre plus prudente. Je m'en veut beaucoup.
Encore une expérience qui va donner à réfléchir ...
Nous arrivons à Gytheio à 17H45, avec des rafales atteignant 30 noeuds. Rien de mieux pour être sûr de son mouillage : inutile de réaliser une marche arrière pour enfouir l'ancre.
Nous prévoyons de rester à Gytheio pour laisser passer le coup de vent. C'est l'endroit idéal pour louer une voiture et se rendre à Mistra.
Mistra nous a enchantés. Il a fallu se débrouiller pour trouver notre chemin dans l’immense site à visiter. Comme souvent en Grèce, les indications sont très approximatives quand elles ne sont pas inexistantes. Nous avons eu la chance de rencontrer un français qui vit sur place et qui a été d’excellent conseil . Mistra, construite autour de la forteresse élevée en 1249 par le prince d'Achaïe, Guillaume de Villehardouin. Conquise par les Byzantins, puis par les Turcs et les Vénitiens, est abandonnée en 1832. Elle fut le centre de la puissance byzantine.
Le lundi 7 août, le temps nous permet de quitter Gytheio. Nous allons jeter notre ancre dans une petite baie où nous avons le plaisir de nous retrouver seuls. C'est tellement bien que nous finissons par y rester 2 jours. C’est sous génois tangonné, artimon et grand voile que nous rejoignons Porto Kagio, escale touristique, mais malgré tout offrant assez d'espace pour y trouver une place au mouillage. Sur le trajet qui nous y amène nous passons devant une demi douzaine de pétroliers qui transfèrent tranquillement leur cargaison de l'un à l’autre. Histoire de « blanchir » du pétrole russe. En effet, il faut savoir que les pétroliers russes stationnent ainsi en eaux profondes en limite de la baie de Kalamata et transfèrent leur pétrole dans d’autres pétroliers, qui eux sont autorisés à décharger au Pirée. La procédure est supervisée par des responsables russes ( logés à Gytheio) et tout à fait à la vue de tous. Le risque est tout de même une marée noire !
vue sur Endurance au détour d’une ruelle de Porto Kagio
Nous avons la chance de rencontrer Alain et son neveu qui jettent l’ancre juste à nos côtés. De la chance, car d’une part ils viennent juste de pêcher un magnifique thon dont il nous offre un bon morceau et, d’autre part, car nous passons une excellente soirée en leur compagnie. Au matin, nos routes se séparent…
Pour nous, départ pour un joli petit port : le port de Gerolimenas qui restera inoubliable.
Le site est en effet joli, avec son mouillage aux pieds des falaises , cependant ce n’est pas ce que nous retiendrons. Nous passons une nuit blanche, justement bien trop près des falaises avec des rafales à 27 noeuds, non prévues et de la houle.
La météo commence sérieusement à poser problème : on ne peut pas s’y fier.
A 7h00, nous décampons pour Koroni.
Après Koroni, une autre escale nous attend avec également une visite à ne pas manquer.
Méthoni ou Modon est située tout au Sud du Péloponnèse, une situation stratégique qui a fortement intéressé les vénitiens dès le XII siécle, qui fortifièrent la cité. Elle devient une étape pour les voyageurs se rendant de Venise en Terre Sainte. Le château a conservé ses fortifications, avec un mur d'enceinte impressionnant d'environ 3 km de longueur.
Ces derniers jours ont été consacrés à de belles visites. Il est temps pour nous de renouer avec des mouillages plus sauvages et des nuits sans musique.
Nous décidons de passer 2 jours à Sténo Sikoas, tout au fond de la baie de Pylos.
Pour achever notre tour du Péloponnèse, il nous reste à voir les îles de Zante, Cefalonie et Ithaque. Nous savons que nous allons avoir beaucoup de monde en plein mois d’août, et pourtant nous tentons notre chance. Nous avons vraiment envie de découvrir ces îles. Après une escale technique à Katakolon où nous refaisons le plein d’eau et des courses, l’île de Zante nous ouvre ses bras… Nous atterrissons dans la petite baie de Porto Roma et sommes heureux de déposer notre ancre dans une eau limpide. Cette eau attire d’autres voyageurs… qui, de toute évidence ne partage pas notre conception des vacances .
Nous voyons en l’espace de 2heures tout ce qui flotte, vole sur l’eau, se fait tracter etc….. incroyable.
Nous fuyons vers un mouillage plus vaste où nous sommes sensés être dans une zone protégée où viennent pondre les tortues caouannes. Cap sur la baie de Keri.
Nous nous rendons au mouillage à 2 milles de l’île de Maratonisis en surveillant notre vitesse . Les consignes pour préserver la quiétude des tortues sont de ne pas dépasser 6 noeuds, de ne pas faire de bruit, ne pas toucher aux nids … du bon sens.
Au petit matin, nous avons la surprise d’assister à un balai ininterrompu de bateaux à moteur qui se jettent sur l’unique plage de l’île aux tortues. Ils filent à au moins 15 noeuds transportant des hystériques braillants. Sur l’îlot, vous avez des nuées d’idiots qui piétinent le sable, bouffent de la street food que trois food trucks dispensent ( oui vous lisez bien) sur la plage, laquelle est jonchée de gobelets en plastique, canettes et papiers gras. C’est pitoyable ! Les tortues caouannes sont en voie de disparition. Les règles mises en place pour les protéger sont bafouées par les innombrables personnes qui foulent le soit disant sanctuaire avec la bénédiction des autorités locales invisibles. S’il est vrai que le tourisme est une bénédiction pour la Grèce qui a beaucoup souffert et souffre encore économiquement, ce comportement hypocrite n’en demeure pas moins scandaleux. Dégoûtés, nous sommes partis avec beaucoup de peine pour les tortues qui tentent de vivre dans cette confusion.
On voit plus de touristes que de tortues sur l'île Maratonisis
A quelques milles de la, c’est à nouveau le silence : pas de bar, de musique, ni de taverne …
Les mouillages sur Zante sont, pour la plupart trop peuplés, nous partons pour Cefalonie. Le vent ne cesse de souffler du Nord, Nord Ouest, ce qui génère une mer très désagréable de laquelle nous nous abritons devant la ville d’Argostoli. C’est là, devant le quai, que nous verrons des dizaines de tortues. Elles évoluent autour des bateaux au mouillage. Personne pour les agresser. Ici, les plaisanciers les regardent simplement et profitent de les voir évoluer en paix. Sans doute, avons nous rencontré des tortues de Zante en fuite .
Nous finissons par l’île d’Ithaque, chère à Homère.
Pour notre plus grand plaisir, nous tombons sur Luna blu, le Benetau de Laurent et Lucile que nous avions rencontrés pendant notre hivernage en Sicile il y a presque deux ans. Nous sommes heureux de les retrouver pour deux jours, avant que nos routes se séparent à nouveau.
Nous accueillons bientôt notre ami Fabien qui atterrit à Athènes le 9 septembre . Nous sommes le 26 août et devons prendre une décision. Soit nous passons par le golfe de Corinthe puis par le canal pour rejoindre Athènes, soit nous rebroussons chemin et partons pour une navigation de plus de 200 milles . Je passe mon temps sur les différents modèles météo pour tenter de repérer le plus fiable. Rien n’y fait ! Les prévisions sont très peu conformes à la réalité. Par contre quand tous les modèles annoncent la même direction de vent, on est sûr que l’erreur est quasiment nulle.
Nous avons, sans surprise, des vents de secteurs Ouest, Nord Ouest. Ils sont parfaits pour nous pousser vers le Sud. Une dépression pointe son nez pour la fin du mois, nous devons appareiller avant. Un au revoir à nos copains et nous prenons notre cap pour redescendre le Péloponnèse.
C’est parti pour 3 jours et 2 nuits de navigation. Je ne cache pas mon plaisir : les quarts de nuit me manquent.
Samedi 28 août, cap au Sud, départ 10h00. Moteur … faute de vent
Nous longeons la côté Ouest de Zante qui est réputée très belle avec ses falaises blanches.
Nous passons devant la fameuse plage du naufrage où se pressent des centaines de bateaux par jour. Il est dvenu interdit de s'y arrêter et de s'y baigner. Nous passons au large.
13h : enfin un peu de vent . Mais il vient du Sud, plein 180 degré…où est le vent d’Ouest ?
16h : ouf ! Sous spi .. c’est chouette.
20h : pétole. On hésite à se dérouter sur Zante . Décidément les prévisions sont complètement erronées.
20h45 : nous avons réduit le génois et encaissons jusqu’à 37 noeuds vent du Nord Est . On poursuit …
Première nuit en mer un peu agaçante : le vent est instable .
Ce dimanche matin, Christophe remonte un thon qui se décroche à 20 cm du bateau. Écœurant !
Le vent souffle de plus en plus fort jusqu’à se stabiliser aux alentours de 25 noeuds . La mer gonfle proportionnellement et devient grosse , avec des creux aux alentours de 2,50 m. A minuit, le vent tombe, la mer persiste encore un peu, nous croisons plus d’une dizaine de cargos… c’est stressant, fatiguant et l’estomac de Christophe ne résiste pas.
Il m’avoue avoir passé la plus mauvaise journée de sa vie.
Au matin du lundi, c'est une mer d’huile qui nous attend et une brise légère qui nous dépose , fatigués et reconnaissants devant Monemvasia que nous avions quitté le 27 juillet, soit un mois plus tôt.
Monemvasia
Il est temps pour nous de réfléchir à la suite de notre route pour retrouver Fabien. La météo n’est pas favorable : coups de vent, orages … à suivre
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