5EME SAISON - GOLFE DE CORINTHE- Avril/mai 2023 : On a du mal à démarrer
En route vers Trizonia
Nous sommes le lundi 22 mai et je démarre l'histoire de notre arrivée en Grèce pour cette 5ème saison de navigation. Dans le carré, à l'abri de la pluie et du vent qui sévissent sur l'île de Trizonia, je réalise que nous sommes arrivés il y a 40 jours, et notre Endurance n'a que 7 milles dans son sillage.
Le démarrage cette année est fastidieux !
Le 12 avril, 14H30, nous débarquons à l'aéroport d'Athènes excités comme des gamins à l'idée de repartir en vadrouille sur notre Endurance . La journée est longue : debout à 2H45 pour un décollage de Marseille à 6H00, puis escale à Munich, avant d'atterrir en Grèce . On n'aime pas les choses simples.
Nous attendons nos bagages et surtout nos vélos, cadeau d'Orens que nous avons hâte d'étrenner.
Un sac, puis deux .... Pas de vélo !
16H et nous sommes toujours à l'aéroport. Une charmante hôtesse enregistre notre plainte et nous promet des nouvelles sous 48h.
A peine, au volant de la voiture de location, un coup de fil nous rappelle dans l'aérogare : nos vélos nous attendent !
Avec tout ça, nous arrivons bien tard à Aigio et préférons louer une chambre pour la nuit. Malgré l'envie de retrouver notre bateau, nous ne nous sentons pas le courage de tout ranger à plus de 20h. Nous avons 18H00 dans les jambes , c'est long ! Demain, il fera jour.
Le mercredi, c'est donc le branle-bas de combat. Entre les affaires à ranger, celles à sortir du bateau, le voilier qui nous livre nos voiles et nos bags réparés, ainsi que le nouveau taud, le menuisier qui arrive avec les caillibotis du cockpit sous le bras, pour les positionner avant de les vernir...
Journée chargée , pas seulement en mouvements mais également en surprises. Si les professionnels chargés des voiles et du bois sont au rendez vous, le chantier, pour sa part n'a pas vraiment effectué ce qui était prévu.
Nous sommes un peu perplexes. Ils ont eu 5 mois et n'ont l'air de réaliser que seulement en nous voyant, qu' il va falloir s'affoler.
Dans le désordre,
- les anodes devaient être fournies pour notre retour : d'anode, il y en a point ! Mais pas de problème, Panos les commande. Ha ! ce ne sont pas les bonnes . Pas de souci, Panos les commande à nouveau. 10 jours après, nous les avons.
- Les bouteilles de plongée devaient être ré-éprouvées, nettoyées et remplies : elles sont seulement remplies par un copain d'un copain de Panos... C'est cadeau . Ha bon, d'accord. On dit merci ?
- La batterie de l'EPIRB, notre balise de détresse devait être changée. Ha ben zut, oubli. Panos d'en occupe au plus vite. Nous aurons notre EPIRB le 4 mai ! Soit 3 semaines après notre arrivée.
- Nous avions un problème d'infiltration d'eau entre les doubles vitrages de 2 hublots sur le roof à tribord, et en conséquence de la rouille. Le chantier devait déposer les hublots et traiter la rouille. Panos nous dit qu'un spécialiste des "fenêtres" (?) est venu, a déposé les hublots extérieurs, mais pas ceux se trouvant à l'intérieur de peur de les casser , puis a refermé avec du mastic et assuré que nous n'aurons plus de rouille. En réalité, si quelqu'un est venu, il n 'a absolument rien fait : nous avons montré à Panos qu'une fois les hublots extérieurs déposés par nos soins, il y avait bien au minimum 3 ans de rouille.. sans compter le temps que cela nous a pris pour les déposer 7 ans après leur installation. Un peu confus, Panos a pu contater qu'il s'était fait rouler dans la farine par son artisan qui pensait toucher 300 euros pour être monté sur l'Endurance et en avoir fait le tour !
Pour finir, le chantier, ce sera occupé de souder une marche de mât et régler un problème de fuite sur le guindeau en 5 mois. Mais Panos et son équipe ont également veillé sur notre Endurance, et c'est finalement le plus important.
Nous avons donc du travail sur la planche. En plus du Doxanode à passer sur les oeuvres vives, ce que nous avions prévu, il nous faut déposer les hublots, et traiter la rouille avant de les remettre en place.
Nous ne nous ennuyons pas une minute. La vie sur le chantier est plutôt agréable : nos voisins sont sympathiques et tout aussi occupés que nous. Nous faisons la connaissance de David de TI KALOU, qui a passé 2 ans en Méditerrannée avec sa femme et ses deux enfants. Nous retrouvons Xavier de OKASOU, que nous avions rencontré à Marina Di Ragusa. Aigio est une ville animée et les tavernes ne manquent pas. Notre cantine est à deux pas du chantier, au club de voile de Aigio. Les repas s'y font à la bonne franquette, et sont bons. Nous profitons de nos vélos pour découvrir les environs.
Promenade au Monastère de Pammegiston Taxiarchon
DECOUVERTE DE PATRAS
BASILIQUE SAINT ANDRE
Malgré notre agacement initial, nous apprécions le chantier TKS. Nous nous y sentons bien. Il est géré depuis 30 ans par Panagiotis Theodorakopoulos et ses fils. C'est une histoire de famille. Leur activité est essentiellement basée sur le parking de bateaux et les carénages. Les travaux que nous avons demandés pour nos hublots sont clairement en dehors de leur compétence et ils ont du mal à trouver des artisans.
Le 29 avril, perchés à presque 3 mètres sur l'Endurance, nous connaissons notre premier séisme. Il est 21h30, bien au chaud , à l'abri de notre carré devant un film, nous sentons soudain le bateau bouger. Après 1/4 de seconde de stupéfaction, je bondis sur le pont pour voir qui est l'imbécile qui vient de reculer dans nos cales au risque de nous faire tomber. Il n'y a bien évidemment personne. Christophe qui m'a rejointe me fait remarquer nos voisins également sur le pont de leur catamaran, tout aussi surpris que nous ... On vient de vivre un très bref tremblement de terre, enregistré à 4.5 sur l'échelle Richter. Dans les 5 minutes qui ont suivi la secousse, Panos était sur le chanter pour vérifier que tout allait bien .
Nous apprenons qu'ici, les habitants sont habitués à ce type de secousses . Autant vous dire que sur un bateau en équilibre sur ses cales c'est un peu flippant.
La météo est morose. Depuis notre arrivée, le ciel est le plus souvent gris, il pleut régulièrement et le vent ne décolère pas. Ce n'est pas simple pour le chantier : les propriétaires arrivent les uns après les autres pour remettre à l'eau leurs bateaux. Les créneaux entre les coups de vent sont vite pris.
Aussi, quand le 4 mai, Panos nous livre notre EPIRB et nous demande si nous sommes prêts à partir dans les 2h00 qui suivent, nous filons ranger nos vélos et sommes prêts bien avant l'heure. Grâce à David qui accompagne l'Endurance nous avons des images de cette mise à l'eau un peu particulière.
ENFIN, LA MER .
Pendant tout ce temps à terre, nous avons eu le temps de peaufiner notre projet de navigation. Initialement, nous souhaitions passer le Canal de Corinthe, puis monter sur les Sporades, puis plus au Nord vers Thessalonique, et pourquoi pas la Turquie avant de faire le tour du Peloponese. Ce projet initial prend un coup dans l'aile puisque le Canal de Corinthe ouvre ses portes seulement le 1 juin.
Nouveau projet : tour du Peloponèse avec un passage sur l'île d' Ithaque que nous avons ignorée en arrivant en octobre 2022.
Nos amis Nicolas, Sonia et Fabien envisagent de nous rejoindre dans le Peloponese vers le 12 mai.
Finalement, ils ne peuvent pas se libérer ! On se verra ailleurs.
Et c'est pas plus mal, car ils n'auraient pas navigué !
Quand nos proches parlent de nous rejoindre en mer, c'est toujours un peu compliqué d'expliquer que nous ne pouvons pas avec précision donner un rendez vous. Ce mot même de" rendez vous" est particulièrement saugrenu quand on navigue.
Rien de mieux pour illustrer cette situation que notre début de saison . Nous avons quitté Aigio après trois bonnes semaines sur place au lieu des deux prévues . Mais l'histoire ne s'arrête pas là...
La mise à l'eau nous procure un sentiment de liberté incroyable. Malgré tout, nous avons décidé de rendre visite à l'île de Trizonia qui nous avait accueillis en octobre. Nous avions tellement apprécié cette escale que la promesse avait été faite d'y retourner.
Nous arrivons sous un petit crachin. L'idée de jeter l'ancre est balayée quand nous voyons que les quais sont libres de tout bateau.
Cette décision va nous sauver d'un stress certain .
En effet,après 48h d'escale bien sympathique, on se prépare à appareiller : vérification des niveaux d'huile moteur, et de liquide de refroidissement . Et là, nous avons l'extrême désagréable surprise de trouver un niveau d'huile bien trop élévé. Nous en vidangeons une partie dans une bouteille pour découvrir de l'eau de mer !
On retirera 4 litres d'eau salée. Le moteur refuse de démarrer.
Il y a sur Trizonia une belle communauté de marins qui nous vient en aide et nous présente Yannis, un mécanicien qui travaille sur Patras et habite sur une île voisine.
Yannis va s'occuper de notre moteur, trouver le problème et le résoudre. L'échangeur qui permet à l'eau de mer de refroidir le cicuit d'huile est défectueux. Finalement, nous nous en sortons bien, l'échangeur en lui-même n'a rien ; ce sont les joints trop usés qui ont laissé passer de l'eau dans l'huile.
Nous avons beaucoup de chance d'avoir choisi de nous mettre à quai. Yannis s'est occupé de notre moteur à temps perdu, en dehors de ses heures de travail, ce qui a pris 10 jours qui auraient été très gênants au mouillage .
Dimanche 14 mai, il passe faire un ultime test pour vérifier que tout va bien et nous demande de ne pas trop nous presser et de réaliser encore deux jours de tests.
Au moment de démarrer le moteur lors d'un de ces tests, on doit se rendre à l'évidence : notre batterie moteur rend l'âme. Après 7 ans de bons et loyaux services, ce n'est pas si mal.
Nous voilà quittes pour commander une batterie sur le continent. Une navette fait les trajets entre Trizonia et le village de Xania où se trouve pour notre bonheur un mécanicien qui, après nous avoir fourni le liquide de refroidissement et les bidons d'huile pour les vidanges, nous commande une batterie .
Nouveau report de départ ...
Entre temps, ayant trouvé notre étai un peu mou et pas satisfaite du remâtage effectué l'année dernière en Sicile, je demande à Christian ( un voisin voileux et surtout professionnel) son avis.
Il est complètement d'accord, et propose de venir vérifier le gréement quand le vent décidera de se calmer .
Allons nous finir par être prêts !
Pour couronner le tout, on se rend compte que notre AIS ne transmet plus notre position ... Recherche de panne ... fil coupé... Réparation ... et hop une journée de plus .
Trizonia semble nous retenir. Nous y sommes pas si mal. Les journées de partagent entre bricolage, promenades sur l'île, courses à Nafpaktos grâce à Nelly et Christian qui ont une voiture, apéros et bon moments avec les copains que nous nous sommes faits.
Ca y est c'est décidé ! nous partons mardi 23 mai !
Mardi matin, nous croisons Marc, le nouveau propriétaire d'un Moody dont il ne connait presque rien, ne pratiquant pour l'instant pas du tout la voile. Il a la ferme intention de découvrir son bateau, mais ne sait pas par où commencer.
Le temps est idéal pour cette découverte . Nous lui proposons de sortir les voiles de leurs sacs pour voir un peu à quoi elles ressemblent et de profiter de l'absence de vent pour les mettre à poste.
Une fois le génois et la grand voile en place, on se dit qu'une petite virée pourrait être sympa ! Marc est ravi et nous aussi.
Nous embarquons Dominique, Pierre, Christophe et moi avec Marc sur Marange. Les premiers bords sont prometteurs de sorties sympathiques pour Marc et sa chérie qui doit bientôt le rejoindre.
Nous leur souhaitons de belles navigations !
C'est comme ça que nous sommes toujours sur la si jolie île de Trizonia, aujourd'hui le mercredi 23 mai, soit 41 jours après notre arrivée en Grèce. C'est aussi comme ça que pour la troisième fois le programme change pour revenir au projet initial de prendre le Canal de Corinthe qui, finalement n'ouvre que dans 8 jours !
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