Septembre 2021 : Merveilleuse Sicile …
Le 1er septembre sonne comme la fin des mouillages encombrés, sillonnés par des survoltés. Pourtant, nous allons devoir nous rendre à l'évidence : nous sommes encore bien nombreux à vouloir profiter de l'été et des merveilles que dévoile la côte sicilienne. "Patience, il nous faudra !"
Aprés un arrêt rapide au port de Cetraro, en Calabre, pour faire le plein de gasoil, d'eau et de provisions, nous mettons le cap sur la Sicile.
Le 3 septembre, nous voilà partis, toutes voiles dehors, étrave pointée vers le Stromboli. Il nous tarde de voir le volcan.
2 heures après le départ, le vent nous lâche. Changement de programme ! Le bassin méditérannéen nous aura appris à partir avec toujours, non pas seulement un plan B, mais aussi un C, voir un D. Il est hors de question de couvrir les plus de 50 milles qui nous séparent de l'île de Stomboli, au moteur. Nous laissons le vent nous guider, et atterrissons à Vibo Valencia, dans le Golfe de Saint Eufemia, toujours en Calabre.
Nous allons rester deux jours au mouillage, laissant passer grains, et vents contraires .
Ces deux jours ne seront pas perdus pour l'Endurance, puisque mis à profit pour faire la vidange du moteur.
Fanfan, de son côté gambade sur la plage pour de petites promenades. Nous essayons de ne pas trop fatiguer notre joli matelot, par respect pour son grand âge. Elle nous a réservé quelques frayeurs ces derniers temps, avec deux crises d'épilepsie, qui nous ont bien remués, et l'ont également très fatiguée.
Nous sommes cernés par les orages. Les images satelllites sont aussi belles qu'inquiétantes. Quand allons nous pouvoir naviguer vers les Iles Éoliennes ?
Finalement, nous décidons de partir en contournant les grains. Le dimanche 5 septembre, l'ancre se pose enfin devant le Stromboli, après une navigation de 51 milles, qui laisse sur notre traceur de magnifiques zigzags preuves de notre cache-cache avec les orages. Nous nous sommes pas trop mal débrouillés.
Le mouillage au pied du volcan est très rouleur, car peu abrité. On oublie le peu de confort en débarquant : des ruelles fleuries, trés étroites, serpentent vers le haut du village où nous attend une vue splendide. Nous pouvons voir notre beau voilier se dandiner en nous attendant.
La nuit s'annonce courte car nous voulons faire le tour du Stromboli avant le lever du soleil pour profiter de la vue sur les petites éruptions qui sont plus spectaculaires dans la pénombre.
Donc départ 4H00.
Ce que nous ne savions pas c'est que cette nuit allait vraiment être courte! Fanfan déclenche une nouvelle crise d'épilepsie. Nous sommes désemparés devant notre toutoune que ces crises laissent complètement épuisée. Heureusement, sur le bateau, elle peut se coucher sur sa couchette ou au pied de notre lit, et se reposer confortablement.
C'est surtout la chaleur qui l'accable. Avec 32 à 34 degré à l'intérieur la journée, nous n'arrivons pas à avoir mieux que 27° la nuit. Ces températures sont difficiles pour nous, elles doivent l'être davantage pour fanfan.
Nous partons malgré tout à 4h00... De toute manière, le mouillage est devenu intenable, ballotant l'Endurance de babord à tribord. L'orage gronde, une nouvelle journée de cache cache commence.
A 8h20, nous voilà sur l'île Panarea, dans la Cala Milazzese . L'île de Panarea est la plus "chic" des Iles Éoliennes . Entendez par "Chic", fréquentée par le gratin, avec des villas magnifiques, un village immaculé, des boutiques, des restaurants, des ... Bon bref, "the place to be". Mais pas pour nous ! Stromboli est bien plus authentique.
A 23h30, Fanfan a une nouvelle crise d'épilepsie, à moins de 24h de la précédente. Nous ne savons pas quoi faire ! Le lendemain,nous appelons à nouveau notre amie Anne-Marie, qui est la vétérinaire préférée de Fanfan. Elle nous rassure, nous conseille de consulter un confrère. Oui, mais dans les Îles Éoliennes ?
Nous choisissons de rester sur place un jour de plus. Le mouillage est calme, les orages nous épargnent momentanément : Fanfan va se reposer.
La météo trés instable sur les Eoliennes nous pousse à avancer vers l'île Malfa pour échapper à un nouveau grain.
Nous nous mettons à l'abri à Lingua, petit port plein de charme, mais sans vétérinaire.
Si vous vous perdez dans ce petit port : allez manger un granite chez Alfredo ! Une tuerie !
Jeudi 9 septembre, un petit saut de puce au moteur, bien venu pour nos batteries, nous dépose à la Punta di Levante sur l'île Lipari.
La lune nous présente un bien beau profil
La météo trés capricieuse et les orages qui tournent autour du sud de l'Italie nous pressent, et c'est à regret que nous devons nous hâter.
Vendredi 10 septembre : Nous voilà dans la baie de Porto Di Ponente, devant Vulcano. Fanfan est bien trop fatiguée pour une escapade sur le volcan. Il est même fort possible que les odeurs de souffre l'indisposent. J'ai eu la chance de faire la découverte de cette île, il y a des nombreuses années. Le souvenir que j'en garde est bien présent, et je pousse Christophe à faire la balade jusqu'au cratère tout seul : se serait vraiment dommage de ne pas faire un tour à terre.
Pendant qu'il crapahute dans les vapeurs de souffre, Fanfan se repose et je consulte une fois encore la météo. Elle est très instable actuellement, les prévisions ne sont pas fiables et les grains se succèdent et tournent toujours autour des Îles Éoliennes.
Souffre
A son retour sur l'Endurance, je préviens Christophe que nous levons l'ancre dans la demi heure. En effet, le dernier bulletin anonce de violents orages accompagnés d'une mer de 1.5m à 2.00m d'Ouest. Notre abri n'en sera plus un demain ! Soit nous contournons l'île pour nous protéger de la houle et nous attendons que les grains passent, soit nous profitons du vent pour gagner à la voile Milazzo sur la côte sicilienne. Nous avons très envie de profiter davantage des mouillages que nous offrent les Éoliennes, cependant, nous accusons une certaine lassitude face aux perpétuels grains que l'on passe notre temps à fuir depuis plus d'une semaine. Nous sommes aussi inquiets pour Fanfan, et espérons trouver à Milazzo une pharmacie où nous procurer de quoi la soulager.
Nous ne sommes pas les seuls à chercher l'abri d'un port. Sur les 3 marinas de Milazzo, seule Santa Maria Maggiore a de la place. A notre arrivée, nous prenons l'ultime emplacement. Nous dérogeons à notre principe d'éviter les ports : les batteries ont besoin d'être chargées , car, elles n'ont pas aimé la grisaille des derniers jours, Fanfan a besoin de se promener sans toute la gymnastique qui accompagne chacune de nos sorties. Cette pause sera bénéfique... Sauf pour notre porte monnaie ! Le tarif de 100 euros par nuit déjà conséquent pour un le mois de septembre, passe à 140 € pour avoir droit à l'électricité et à l'eau . Rien que ça : 40 € par jour en plus !
Coucher de soleil vu du château
Dimanche 12 septembre, nous traversons le détroit de Messine. Nous y arrivons après un superbe bord de voile de 6 heures de pur plaisir : une petite houle qui nous pousse, 13 noeuds de vent plein travers, on glisse ! un plat de pâtes pour déjeuner, c'est le bonheur.
Nous voulons visiter Scylla, et ce sera partie remise, le mouillage n'étant pas abrité de la houle qui nous pousse.
La traversée du détroit prend des allures mythologiques, et c'est peu de dire que nous passons de Caribde en Scilla. Le courant est incroyable et nous mène bien plus bas que ce que le nous souhaitons. Finalement plutôt que de le contrarier, nous nous laissons faire et jetons l'ancre côté italien devant la plage de Gallico Marina. Ce sera parfait pour passer la nuit avant de rejoindre Taormine.
Toutes voiles dehors vers Taormina et l'Etna
Taormine nous accueille pour 2 jours. L'ancre est jetée au pied de la ville, dans un mouillage bien abrité et très vaste. Nous ne sommes que trois voiliers posés à côté d'un champs de bouées occupé par seulement 2 bateaux. Ces corps morts appartiennent à Giorgio et sa fille Giorgia, qui proposent en plus de l'amarrage sur bouée, un service de ramassage des poubelles et une navette pour rejoindre le rivage. Nous sommes bien sûr invités à prendre un de leurs mouillages, mais déclinons leur proposition. Ce système est sans doute interessant quand la baie est encombrée d'embarcations en plein été, mais hors saison ce n'est pas utile et couteux : 90 € la nuit, 25 € pour la navette qui nous dépose à 300mètres du bateau . D'autant plus que nous n'avons eu aucun problème pour poser notre annexe devant un restaurant sur la plage, le temps de visiter Taormine.
Mercredi 15 septembre : départ pour Syracuse.
Journal de bord du 15 septembre 2021.
7h00, vent du 323 °, 13 noeuds, nous sommes sous Grand Voile, Artimon et Génois , à 136 ° du vent, l'Endurance file gentillement à 5 noeuds.
7H40 : on change de voile à l'avant, en passant du génois au génois léger. On gagne 0.5 noeuds, c'est toujours ça !
8H50 : vent du 175 °, 2 noeuds !! On affale tout, moteur ! Nous tentons de trouver un mouillage qui nous permette d'attendre que le vent nous pousse à nouveau vers Syracuse. Mais rien ne nous abriterait vraiment de la houle ; on continue en espérant qu' Eole vienne à notre secours.
10H20 : toujours pétole, nous sommes accompagnés par un joli petit dauphin qui garde ses distances, mais nous escorte pendant à peu près 10 minutes.
12H30 : vent du 081 °, 7 noeuds. Nous relançons enfin nos voiles, pour une toute petite vitesse de 3.5 noeuds. On s'en satisfait ! Je prépare un pistou pour m'occuper, Christophe somnole, Fanfan aussi ... Une vague (bon sang, elle vient d'où celle là ?), le pistou est par terre. Je crise, Christophe roupille, Fanfan aussi !
14H02 : vent du 185 °, 9 noeuds. Nous sommes face au vent ! Moteur ! J'enrage et je trépigne, Christophe médite, Fanfan aussi.
A 14h30, nous aurons enfin du vent et finirons notre navigation au près avec une moyenne de 5.4 noeuds.
Arrivés à Syracuse à 17H30.
Petit bord de vent arrière, voiles en papillon .
coucher de soleil sur Ortigia ( vieux Syracuse )
Nous avons tellement aimé Ortigia, que nous ne voulions plus la quitter. C'est le vent, qui une fois de plus a décidé pour nous. Quand notre mouillage n'a plus été protégé, l'heure du départ a sonné, au bout de 5 jours tout de même.
Nous avons hésité longtemps entre une navigation sur Malte ou une escapade sur l'île de Pantalleria. Ce ne sera ni Malte, qui n'accueille pas les animaux arrivant par la mer, ni Pantalleria en raison des conditions météorologiques à venir qui nous auraient bloqués trop longtemps sur l'île.
Finalement, nous nous acheminons doucement vers Marina du Raguza , notre port d'hivernage, et même si c'est à regret, nous y arrivons plus tôt que prévu. A quoi servirait d'attendre au mouillage le 1 octobre quand la liste des travaux à effectuer sur l'Endurance est interminable. Quelques jours de plus ne seront pas du luxe .
Pour notre Fanfan, cet arrêt est aussi le bienvenu .
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