Va où le vent te mène
Nous avons le projet de passer quelques temps aux Baléares avant de rejoindre Calpe .
Le hic c'est que Eole en a décidé autrement ! Nous n'avons que du vent à dominante Est : pas simple pour avancer, le vent dans le nez !
Du coup, nous progressons à petits pas , en espérant voir les Baléares cette année .
Après Gibraltar, nous jetons l'ancre à Estepona, d'où nous partirons soulagés après une nuit à être secoués dans tous les sens . Le vent s'est levé et nous avions 20 noeuds qui rentraient allègrement dans notre abri qui n'en était plus un .
Suivront Malaga et Motril .. nous profitons des petits coups d'accélération du vent pour avancer . Et nous y parvenons très bien : décidément notre Endurance a besoin que ça souffle . Nous atteignons une vitesse de 9 noeuds ! Avec 32 noeuds de vent . C'est qu'il en faut pour bouger les 19 tonnes .
L'arrivée à Motril se fait en fin de journée et nous préférons attendre à l'ancre avant de rentrer au Port qui nous servira d'abri pour les prochains jours . Les pluies diluviennes annoncées ne nous touchent finalement pas ; par contre, elles n'épargnent pas l'Andalousie .La partie de Alméria à Alicante va connaître des dégâts importants et déplorer des morts .
Le mouillage devant Motril n'est vraiment pas joli . Le port héberge deux marinas . Nous contactons la Marina Park de Motril qui bénéficie de commentaires plutôt élogieux sur le site Navily .
Et bien, nous confirmons : nous avons un accueil inédit .
Roberto nous attend et nous guide par téléphone, puis nous oriente vers son marinero . Tous les deux nous aident à accoster et nous souhaitent la bienvenue . Un escalier est amené dans la foulée pour nous permettre de descendre, des vélos sont mis à disposition gratuitement et nous avons les réponses à toutes nos questions avant d'avoir fini de les poser .
Roberto, sa femme Mar et leurs employés nous ont tellement bien accueillis que nous décidons d'hiverner ici, à Motril .
Nous prévoyons notre retour début décembre .
Les trois mois d'hiver seront doux : le climat de la Costa Tropical est particulièrement agréable .
Si Motril n'a pas beaucoup de charme , elle a néanmoins de réels avantages en dehors de son climat : c'est une ville très dynamique qui semble en pleine expansion et où nous pouvons tout trouver . Nous sommes à 10 minutes de vélo des grands magasins bien utiles pour refaire une beauté à l'Endurance ( Leroy Merlin, Auchan, magasin pro de plomberie, electricité etc ...)
A 2heures de Séville , 60 km de Grenade et au pied de la Sierra Nevada, nous avons de quoi visiter !
Et puis, en décembre , nous ferons un saut en France .
Le vent s'annonce propice à un départ vers l'Est, et le 16 septembre, nous partons pour Roquetas del Mar . Pendant la navigation, je crois rêver : un poisson qui vole ! Christophe ne me croit pas . Puis un second, puis plusieurs en groupe . Incroyable !
On passe la nuit au Cap Cabo face à la playa de Corralete . C'est magnifique . Nous nous trouvons seuls au monde .
Le départ est un peu difficile . L'ancre est bien où elle est ! scotchée à la vase . Christophe plonge et debout au fond de l'eau , il tente de la faire bouger pour éliminer le problème de succion qui la maintient au fond à chaque effort du guindeau .
Heureusement nous avons mouiller dans 5 mètres d'eau .
Nous voilà repartis vers Carthagène que j'ai à coeur de visiter . Le vent ne nous y aide pas : arrêt à Garrucha .
Nous évitons beaucoup de branches et de troncs plus ou moins impressionnants . Cela doit être la conséquence des fortes pluies des derniers jours .
Jeudi 19 septembre , nous quittons Garrucha pour Aguilas qui offre un bel abri pour mouiller en attendant le vent qui nous portera vers Formentera aux Baléares . Tant pis pour Carthagène .
Nous attendrons la bonne fenêtre météo jusqu'au samedi 21 septembre .
Départ de Aguilas à 16h .
Le routage de Sail grib , nous annonce un peu de moteur au départ, pour sortir d'une bulle sans vent puis du portant et une arrivée prévue dimanche en fin d'après midi .
Effectivement départ au moteur .
A 18H45, la cabine est envahie par une épaisse fumée blanche , une forte odeur de brûlé me fait sauter sur l'étouffoir du moteur .
Voilà, panne moteur et seulement 5 noeuds de vent .
Christophe plonge sous le bateau pour vérifier qu'il n'y a rien dans l'hélice .
J'ai bien attaché le bout par lequel il est tenu et j'ai largué la bouée fer à cheval arrimée à l'arrière . Je n'aime pas trop le voir dans l'eau avec la petite houle qui balance notre Endurance et les 480 mètres de profondeur . Cette dernière considération peut paraître ridicule pour quelqu'un qui n'a pas peur de l'eau ... Mais pour moi, qui ne suis à l'aise qu'au sec !
L'hélice va bien !
La panne vient de notre courroie de distribution qui a lâché .
On attend que le moteur redescende en température pour la changer .
Pendant ce temps le vent prévu arrive et nous avançons très bien à la voile .
La courroie remplacée, nous nous rendons compte que nous n'avons plus de liquide de refroidissement ( fuite ?) . Il nous en reste un peu dans un bidon, mais vraiment pas assez .
La décision est prise de faire halte à Carthagène ( finalement !) pour faire vérifier notre moteur par un mécanicien et trouver du liquide de refroisissement .
Commence une longue nuit où nous tirons des bords et empannons devant la baie en attendant le jour pour tenter une approche et un mouillage à la voile dans l'avant port.
A 8h00, plus un souffle d'air . Nous sommes à 2 milles de Carthagène .
Allez, on tente le moteur et on croise les doigts que le liquide de refroidissement rajouté suffise .
A 100 mètres de la digue, au beau milieu du passage, le moteur chauffe . Nous sommes obligés de l'arrêter .
Impossible de jeter l'ancre là, sur la trajectoire des ferries et autres gros navires. Impossible de s'aider des voiles : il n'y a pas un souffle d'air . Par contre, il reste de la nuit une belle houle de 1 mètre environ qui nous pousse sur la digue .
VHF en main pour un PAN PAN sur le canal 16, nous agitons les bras en direction de deux remorqueurs Pilotes qui rentrent au port . Nos gestes sont sans équivoque, et tels que décrits dans les instructions nautiques .
Ces deux pilotes dont un aurait pu nous éloigner du danger en rien de temps nous ignorent royalement . Stupéfiant !
A la VHF, je suis maintenant sur le canal 06 en lien avec les secours et nous tentons de nous comprendre mutuellement . Heureusement, un hors bord, puis un second viennent à notre secours et maintiennent l'Endurance à distance de la digue .Ils ne peuvent pas faire mieux, n'ayant que peu de chevaux . Chaque vague les entraine vers nous et c'est un peu tendu . Finalement, un pêcheur qui rentre au port nous remorquera jusqu'à la Marina . Les secours sont tenus au courant et tout se finit bien .
Nous sommes extrêmement reconnaissants envers les personnes qui nous ont aidés de manière totalement désinteressée .
Le moteur est réparé . En fait, rien de méchant : la courroie, en cassant a empêché le refroidissement du moteur et le liquide s'est évaporé, ce qui explique la fumée blanche . L'absence de refroidissement a fait chauffer le moteur, que nous avons stoppé avant plus de dommages .
Ce que nous retenons de cette aventure :
- nous avons eu une bonne idée d'avoir des courroies de remplacement
- ce que nous savons maitenant est que nous aurions pu utiliser de l'eau douce pour remplacer le liquide de refroidissement, voire de l'eau de mer en cas d'urgence .
- La solidarité en mer existe encore , mais force est de constater qu'il y a marin et Marin . Les plus solidaires n'étant pas forcément ceux pour lequels cela semble le plus facile !
Carthagène nous accueille en pleine période fête .Nous rencontrons des habitants en tenue d'époque romaine dans les rues , il y a des spectacles un peu partout en ville et sur le port .
Nous avons également une autre surprise : alors que je relate sur le Groupe "Partir en mer et vivre à bord" notre anecdote sur le moteur, j'ai une réponse de "5 gouttes dans l'océan" , (une famille qui part pour les Antilles ) qui me dit : "c'est marrant, nous sommes juste devant vous !" . En, effet, il s'agit du catamaran qui est au ponton devant nous et dont l'équipage nous a accueilli à notre arrivée en proposant très gentiment son aide .
Nous profitons de cette escale pour visiter la ville qui est une des plus anciennes cités portuaires de méditerrannée créée en 220 avant JC par les carthaginois .
Aujourd'hui, nous avons eu une mauvaise surprise : la Marina de Calpe où l'on devait caréner nous refuse . Les raisons invoquées sont le manque de place et surtout qu'il est interdit de réaliser soi même son carénage .
Et bien , nous resterons un peu plus à Carthagène dont le chantier nous accueille sans probléme .
Aujourd'hui, Rivendell, le catamaran de nos voisins reprend la mer et les 5 gouttes reprennent la route vers l'Océan .
Nous sortons l'Endurance demain jeudi 26 septembre .
.
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 74 autres membres