De l'Atlantique à la Méditerranée
La météo nous joue des tours depuis que nous avons quitté Ponte Cais . Nous ne pouvons quasiment pas compter dessus .
Départ le 20 août avec 15 noeuds , rafales à 20 annoncés : nous constatons 3 noeuds, rafales à 5 !
Heureusement que notre génois léger nous fait un peu avancer en silence ; on alterne avec le moteur .
La météo restera capricieuse et les métérologues impuissants encore un bon moment ! Au moment où j'écris ces lignes, on a l'impression que les bulletins sont édités par des stagiaires ( comme dirait notre ami Didier) .
De Ponte Cais à Ayamonte, à défaut de faire de la voile, nous avons péché 4 maquereaux : ça occupe , nourrit et fait extrêmement plaisir à Christophe !
L'arrivée à Ayamonte s'est faite toute en douceur, poussés par un courant de 4 noeuds .
Nous avons décidé de passer 2 nuits à la Marina avant de remonter le Rio Guadiana .
Le Port est plutôt sympathique, l'accueil beaucoup moins . Il est dommage qu'une seule personne puisse rendre désagréable cet endroit .
Alors que nous étions pris en charge pour notre enregistrement par une employée complètement débordée par les appels téléphoniques, les appels VHF et les visiteurs en attente dans son bureau ( elle était seule !) , arrive une de ses collègues , qui prend d'autorité les choses "en main" de manière énergique .
Autant d'énergie pour ne faire que du vent !
Quand la première répondait avec patience à tous , celle-ci envoie ballader les gens au téléphone, à la VHF et décide de la place à nous attribuer alors que sa collègue s'occupait de nous .
Je lui explique que notre voilier fait 15.40 m hors tout . Elle me répond sèchement que le ponton en fait 20 . Après vérification, il mesure 12m ! je retourne le lui signifier .
Et bien, je ne sais pas mesurer ! Sur le papier Madame, il fait 20 m . Même qu'elle y a mis un bateau de 17 m la semaine dernière . Allons, bon, nous sommes tombés sur un mulet .
Nous refusons bien évidement de nous déplacer et attendons le Marinero qui doit nous donner un coup de main . Ce brave garçon convient tout à fait que nous ne pouvons pas nous rentrer sur la place affectée . Il appelle sa collègue à la VHF et a doit" batailler" pour nous attribuer une place adéquate !
Cette histoire nous a bien pris 2heures ! le plus triste pour la Marina, est que je ne suis pas sûre que notre mulet zélé soit allé jeter un oeil sur le ponton .
Ayamonte est une jolie ville qui a des airs de ville grèque . Il y fait très chaud et nous sommes contents de partir sur le fleuve pour avoir un peu frais en remontant .
Le dépaysement est total . Nous passons des scooters des mers, des kitesurfeurs , de la musique ... au silence, aux vaches sur les bords du fleuve et aux petites cabanes ça et là cachées derrière des haies de roseaux où se sont repliés beaucoup de voyageurs en quête de calme et de grands espaces . Nous rencontrerons un belge installé avec une française, un allemand, un français et voyons fréquement des drapeaux hollandais .
Nous stoppons à Laranjeiras : un ponton devant la buvette d'un minuscule village . Pas de commerce, mais des
ambulants qui s'arrêtent régulièrement, un restaurant et c'est tout !
Au ponton, on demande Dick the Monk pour régler notre prise de coffre : nous avons préféré être sur une bouée plutôt que de jeter l'ancre dans un fleuve étroit .
Pour 4 euros par jour, Dick nous loue sa bouée . A la buvette tout est à 1 euros : la bière, le verre de vin, le jus de fruit, le café ...
Le coin est vraiment à part et nous regrettons de ne pas rester davantage . Nous nous promettons d'y retourner et de remonter plus haut : Dick a une carte très précise des fonds qui aurait pu nous permettre d'aller plus avant dans le fleuve vers un endroit selon lui fabuleux au pieds de reliefs verdoyants où nous l'on peut voir des aigles .
Pourquoi ne pas être restés plus longtemps ? Et bien c'est une question à laquelle nous tentons de répondre en ce moment, posés à Gibraltar ......
Le samedi 24 août, l'Endurance arrive à Cadix . Il fait une chaleur écrasante : on ne va pas se plaindre ! Fanfan, elle , en souffre un peu . Nous essayons de la préserver ... Nous visitons à son rythme et la laissons un peu au bateau que nous tentons de garder aéré .
Le 27, petit saut de puce sur le mouillage de Rota : une magnifique plage dont nous serons chassés " gentiment" . Elle appartient à l'armée espagnole et est réservée aux familles des militaires .
Nous avons la réponse à nos questions : comment peut elle être si peu peuplée ? avec des parasols en libre service ? Naïfs , nous ? non !!!
Le saut de puce se transforme en pause au port :" la" capitaine a mal au bide ( un truc qui n'est pas passé) et sera radicalement soignée par une belle piqûre sur la fesse ... les bons vieux remèdes !
Départ de Rota le 31 août avec des prévisons météo idylliques ... quand je vous disais qu' on ne peut pas compter dessus .
Décolage à 7H02 sous génois léger, qui ne parvient plus à nous trainer : moteur !
Puis, enfin un peu de vent : 6 noeuds, et 9 et 12 ... hop hop vite, on descend le génois léger et on envoie le génois ... En 10 minutes, on passe à 18 noeuds !
Ca ne sent pas bon : on prend un ris dans la grand voile ... bien inspirés : 23 noeuds et on tire des bords .. la mer se forme, s'agite , se creuse .. d'une mer d'huile, nous passons à 2 à 3 mètres de creux et nous y laissons le plancher de notre delphinière . Une vague est arrivée à tordre une tige en inox de 12 millimètre !
Le tangon s'est détaché de son support et se promène .
On passe Trafalgar !
L'idée était de jeter l'ancre devant le port de Barbate pour une nuit avant de passer le Détroit de Gibraltar . Finalement, nous rentrons au port ; le mouillage est impraticable .
Nous sommes plusieurs voiliers à arriver en même temps : le marinero de la capitainerie est d'une rare efficacité . Il court dans tous les sens et arrive à placer tout le monde avant même que nous soyons amarrés au ponton d'accueil . Chapeau Monsieur !
A peine arrivés, Christophe est sur la delphinière . Elle sera réparée en 2 heures !
Je suis admirative . Il faut rendre à CRICRI ce qui est à CRICRI !
J'ai beau avoir le titre de capitaine ; il n'en demeure pas moins que sans mon second, je serais capitaine d'un canot bien moins rutilant !
Je m'occupe de mener le bateau, de tracer les routes, de décider les départs en fonction de la météo , des manoeuvres et de la communication (blog, facebook) . Pendant ce temps, Christophe gère l'entretien de l'Endurance : électricité, plomberie, rouille, peinture, entretien des éléments du grément, couture , rafistolage et réparations en tout genre . Il invente et crée pour nous simplifier la vie . Il pêche, cuisine . C'est aussi lui qui prend les photos et les films ...
Et il supporte le Capitaine !
Non là , je plaisante : chacun sait que le caractère de cochon sur ce bateau ce n'est pas moi !
Nous sommes prêts pour le Détroit de Gibraltar . On a juste oublié que le dimanche la capitainerie n'ouvre qu'à 10h00 . Bon, et bien, nous allons attendre . Nous allons devoir être patients, car Barbate n'a pas envie de nous voir filer .
Nous prenons le chenal de sortie du port quand, nous voyons un voilier sorti 30mn avant nous , incliné sur le flanc .
Petit frisson. 0n se rassure : ce bateau n'est pas dans le chenal . Je ralenti, l'oeil sur le sondeur : 2.50m, 2.00m ....je ralenti encore, on vérifie que nous sommes dans le chenal ... 1.50 m Coup d'arrêt ! Endurance tanqué dans la vase .
La Guardia Civil tente de nous sortir de là à l'aide de deux semi rigides :ils poussent, ils tirent . Les 19 tonnes de l'Endurance se marrent .
Nous finirons par attendre 12h00 et les 15 centimètres qui nous manquaient pour être délivrés .
Nous ètions en effet bien dans le chenal . La Guardia Civil nous a expliqué que par grand coefficient de marée , il faut rester pile au milieu ! Ha bon ....
Nos camarades d'infortune vont, pour leur part, devoir attendre un peu plus .
On a pris un sacré retard et nous sommes vent debout . Nous nous voyons obligés de mettre le moteur : le passage du Détroit nécessite la prise en compte de courants qui ont une importance considérable sur l'heure estimée d'arrivée et nous ne souhaitons pas entrer dans la baie de Gibraltar de nuit : il y a bien trop de traffic .
Nous mouillons devant la plage de La Linea , ville frontalière avec Gibraltar. Il est 20h00 . Nous avons eu une journée au moteur, mais sous un magnifique soleil . Nous avons profité de cette navigation avec tous ces bateaux croisés et ce paysage qui offre d'un côté le Maroc et de l'autre l'Espagne .
Notre ligne de pêche n'a pas frémi : tant pis ! Mais au moment où Christophe se décide à la remonter, la canne se courbe : yes, une touche ! Ce sera une bonite de 700 gramme !!!
Il faut voir le sourire du pêcheur !
Ce soir, au mouillage, Bonite au four .
Gibraltar est le passage de l'océan atlantique à la méditerrannée , c'est aussi ici que 3 mois se sont écoulés depuis notre départ .
C'est le bon endroit , et le moment pour une pause et faire un point sur ces 3 premiers mois et sur notre projet .
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