Balades entre Sardaigne et Corse
Mardi 25 Août, 6h30 : départ de Fornells à Minorque, pour la Sardaigne. Nous quittons les Baléares, leurs terres marquées d'histoire de conquêtes et leurs si belles criques qui nous ont accueillis pendant les deux derniers mois. Nous sommes excités par la navigation qui nous attend et qui nous mène vers de nouveaux paysages. 187 milles nous séparent de notre point d'atterrissage sarde. Nous allons couvrir ce parcours en 51 heures, soit une moyenne de 3.92 noeuds à l'heure. Ce n'est pas rapide mais nous avions mis un point d'honneur à ne mettre le moteur qu'en cas de pétole totale. C'est donc avec une alternance de calmes plats et de petites brises bienvenues pour l'Endurance qui en profite pour déployer ses ailes que nous progressons lentement vers la Sardaigne. La première nuit se passe en grande partie sous voile : un vrai plaisir quand on est de quart. Le quart est le nom donné à la veille effectuée à tour de rôle, souvent la nuit en navigation.
Fanfan assure son quart !!
Nous avons pris nos marques pour les quarts. Je prends le premier de 10h à minuit, pendant que Christophe qui a plus de facilité que moi à s'endormir se repose. Puis, nous alternons toutes les deux heures. Ce rythme nous convient et nous parvenons à gérer notre sommeil sans difficulté. Nous avons croisé de loin deux bateaux durant cette première nuit.
La seconde est parfaitement calme : nous sommes seuls ! Pas un bateau, pas un mammifère marin, pas un poisson au bout de notre ligne de traîne ...rien !
La seule visite que nous avons eu est celle d'un jet de l'armée, sans doute décollé de la base de Solenzara qui est passé en rase-motte et à grande vitesse au-dessus de nous à deux reprises. En pleine mer, c'est un peu irréel !
On a pu prendre une vidéo de cette étrange rencontre au deuxième passage !
Coucher de soleil entre ciel et mer
Jeudi 27 août, 9h40 : arrivée en Sardaigne, dans la baie de Porto Conte 40°36.818' N 8°12.239'E
On devine la côte sarde au petit matin
Capo Caccia Mer d'huile à l'arrivée dans la baie de Porto Conte
En raison de l'épidémie de Covid, nous avons du remplir par internet un document officiel auprès de la Region Autonome de Sardaigne 3 jours avant notre arrivée. En retour, nous avons reçu une attestation de "Sardegna Sicura" confirmant notre date et le lieu de débarquement. Nous nous engagions par cette déclaration à réaliser un test de dépistage en partant ou à en arrivant. Pour cette raison, nous ne nous sommes pas attardés dans la baie de Porto Conte pourtant très belle, où nous étions absolument seuls au mouillage.
L'Endurance seul au mouillage devant la plage di Mugoni dans la parc naturel régional de Porto Conte
Pas un souffle de vent au reveil
Nous quittons à regret Porto Conte pour la Marina de Alghero où nous devons faire notre entrée officielle en Sardaigne.
Habitués à la rigueur espagnole sur le sujet épineux de l'épidémie de Covid, nous nous rendons à peine arrivés dans les bureaux de la Guardia Costiera. Nous devons non seulement nous soumettre à un test de dépistage, mais aussi signaler notre présence sur le quai public que la ville d'Alghero propose aux plaisanciers de passage. Ceci est suffisament rare pour le mentionner : Il est possible de rester amarré à ce quai idéalement placé sous les remparts de la vieille ville pendant 5 jours et 4 nuits gratuitement (oui vous avez bien lu) à condition de ne pas se servir de l'eau et de l'électricité.
A notre trés grande surprise, l'agent qui nous reçoit se contente d' enregistrer le nom du bateau et la date de notre d'arrivée. Quand je lui tends nos passeports et notre attestation d'enregistrement auprès de Sardagna sicura, il les refuse en disant qu'ils ne sont pas nécessaires pour lui et à l'annonce de notre arrivée depuis l'Espagne, il nous souhaite la bienvenue. Bienvenue en Sardaigne !
On est pas mal !
Nous allons vite nous rendre compte que le rigorisme espagnol a cédé la place à une joyeuse extravagance.
Le quai gratuit est gratuit, mais pas pour tous ... Si le marinero de la Marina d'à côté touche tes amarres pour t'aider tu payes ... Ce qui a donné lieu à une scène incroyable. Un catamaran nous a rejoint en milieu d'après midi. On assiste à leur arrivée prêts à donner un coup de main. Bizarrement une embarcation de la Marina voisine leur barre l'accés. Son pilote semble communiquer à la VHF; en effet, dans la minute un de ses collègues arrive pour aider Patrick et Sandra (cette histoire nous a fait rencontrer nos voisins) . Patrick nous appelle et nous demande de récupérer ses amarres avant le marinero. Nous comprenons qu'il y a une embrouille. Christophe prend celles lancées par Patrick pendant que je récupère celles de Sandra. Pendant ce temps, le marinero fait des bonds dans tous les sens, gesticule, nous invective, nous interdit de toucher aux amarres du catamaran ... Un vrai cirque... Il va quand même jusqu'à bousculer Christophe et un moment on a bien cru que de l'ubuesque nous allions passer aux vrais problèmes. Mais finalement tout se tasse : Plus de gesticulation que de mal.
En fait, Patrick est déjà venu à Alghero, et la fois précédente alors qu' il souhaitait rester au ponton public, un marinero l'a aidé à s'amarrer sans en avoir été prié et Patrick s'est retrouvé avec une facture pour service.
Le même scénario s'est renouvellé quand un voilier ami du catamaran a pointé son étrave.... Il semble que ce quai gratuit soit mal accepté par les marinas voisines, ce qui est tout à fait compréhensible : pour un voilier de notre taille, on nous demande 130 euros par jour pour une place située à une centaine de mètres de l'endroit où nous sommes. Nous avons pu avoir de l'eau et de l'électrcité sur une journée avant de partir pour une somme de 40 euros. Si on fait le calcul sur les 4 jours de notre séjour : nous avons payé 40 euros au lieu de 520 euros à la marina. On comprend que les plaisanciers qui se trouvent à côté doivent trouver la facture salée quand ils ont connaissance de ce quai en passant devant.
ALGHERO
Le quai public
Sculpture imitant le corail rouge, ou or rouge, spécialité d'Alghero et symbole de la Sardaigne
Alghero est une très belle ville, dont le centre historique est pittoresque. La promenade sur les remparts offre une vue splendide sur la baie. Nous avons aimé y flâner.
Nous avons un rendez vous que nous ne voulons sûrement pas manquer : nos amis Maria et Serge arrivent en Corse et nous avons prévu de nous retrouver à Bonifacio pour les embarquer avec nous une semaine.
Nous allons les rejoindre en effectuant des escales dans de très beaux mouillages sardes. Mardi 1 septembre, une navigation de 42 milles, en deux longs bords de près nous amène vers le passage de Fornelli, devant l'île Piana. Magnifique ! avec une arrivée un peu stressante dans un passage étroit entre les rochers.
Passage de Fornelli
Promenade sur lîle Piana
Retour à bord
Après 2 nuits, nous allons voir de plus près l'île Asinara, plus exactement la Cala Oliva en face du pénitencier. C'est un endroit étrange qui ressemble à un décor de cinéma : le village est vide et le pénitencier abandonné depuis 1994 lui donne un côté inquiétant. Nous sommes dans une réserve, et malheureusement nous ne pourrons pas jouer aux explorateurs car il nous est signifié à peine l'annexe accostée que les chiens sont interdits sur l'île !
Un des nombreux ânes qui habitent l'île
Endurance au mouillage
Vendredi 4 septembre, nous quittons la Sardaigne pour la Corse. La traversée se fera une partie à la voile et une partie au moteur : les prévisions météo ne sont pas toujours précises !
Sur cette traversée de 42 milles, nous serons suivis par un couple d'oiseaux que nous n'avons pas été capables d'identifier et nous avons eu la visite d' un couple de dauphins.
Traversée un peu trop tranquille Un curieux
Quel plaisir d'approcher les côtes corses et de pouvoir humer les odeurs de maquis si typiques de cette magnifique île.
Aprés une nuit dans la cala di Paragnanu près de Bonifacio, nous gagnons le Port. J'avais déjà eu l'occasion de découvrir Bonifacio par la terre, et le souvenir était resté bien ancré : un étroit passage entre des falaises, un port tout en longueur et tellement beau dans cet écrin.
Le samedi 5 septembre, le paysage est encore plus impressionnant que dans mes souvenirs et l'arrivée bien stressante. La VHF ne capte qu'une fois le bateau bien engagé dans l'étroite passe pour le Port, et là, à notre demande de place, la capitainerie nous répond d'attendre sur place pour laisser passer une "grosse unité" qui sort du Port.
Hop, marche arrière et on grenouille bientôt rejoint par un autre voilier. Nous voyons sortir un yatch d'une trentaine de mètres, et reprenons le chemin du port ... et d'un coup le Ferry pour la Sardaigne sort aussi !
On se dit que pour le coup, la "grosse unité" , quelle qu'elle soit, a du sortir. A peine en vue des pontons, on avise la sihouette d'un énorme yacht qui se détache trés lentement du quai au fond du Port. Il est encadré d'embarcations de la Marina. On a compris ce que "grosse unité" veut dire : 77 mètres et un hélicoptère comme annexe !
On ne joue pas dans la même cours
Maria et Serge nous rejoignent samedi 5 septembre et nous appareillons le lendemain, le temps de visiter la citadelle et la vieille ville de Bonofacio.
La ville de Bonifacio perchée sur les falaises de calcaire
Cimetière marin Saint-François sur les hauts de Bonifacio Ruelle de la vieille ville
L'entrée du Port est très diffcile à voir, seul son phare nous guide
Nous voilà partis sous un beau soleil
L'idée est d'aller où le vent nous portera dans un rayon raisonnable autour de Bonifacio ; nos amis ont leur Van à récupérer sous 7 jours pour poursuivre leur périple en Corse.
Nous allons naviguer aux alentours de l'archipel des Lavezzi et remonter sur Tizzano avant de revenir à Bonifacio un peu plus tôt que prévu en raison d'un temps trés orageux peu propice aux baignades.
Mouillage sur l'île de Cavallo
Nous passons la première nuit face à l'île Piana près de la plage de Sperone, puis un saut de puce nous mène vers l'archipel des îles Lavezzi, sur l'île Cavallo exactement, surnommée l'île des milliardaires. Cette île est privée et les architectes ont rivalisé d'astuces et de talent pour construire des villas qui se fondent dans le paysage.
Nous allons devoir quitter notre joli mouillage à 4h du matin. Et oui, la météo n'étant pas une science exacte... la renverse de vent attendue au petit matin ( un départ matinal était prévu) s'est faite plus tôt avec une houle rapidement trop importante pour rester sur place sans risque. Tous les voiliers sont partis en même temps : qui vers Bonifacio, qui vers l'île Lavezzo. C'est vers cette dernière que nous sommes allés, en prenant soin de rester loin des rochers très nombreux qui font de cet endroit dans les bouches de Bonifacio l'un des plus dangereux de la Méditerrannée. Nous avons jeté l'ancre dans la Cala Lazarina, en restant un peu en retrait. Nous attendrons 8h00 pour nous rapprocher et nous ancrer plus près derrière les rochers.
La Cala Lazarina est le plus fréquenté des abris de l'île Lavezzo. En journée la valse des promène-touristes dans un espace si petit est infernale. A partir de 16h cela devient plus agréable. Nous y retournerons hors saison estivale.
eau à 27° Les rochers évoquent des animaux
Les bateaux jouent à cache-cache derrière les rochers Autel en hommage aux noyés de la Sémillante
Débarquement de la dream team
Un mot sur le naufrage de la Sémillante : le 14 février 1855 la Frégate La Sémillante quitte Toulon avec 380 marins et 393 soldats en route pour la guerre de Crimée. Dans la nuit du 15 au 16 février, la frégate coule sur un écueil pendant une violente tempête. Il n'y aura aucun survivant.
Mercredi 9 septembre, départ pour Propriano. Pourquoi ? Parce que c'est dans cette direction que le vent nous pousse !
Le temps se gâte. De la pluie, beaucoup de pluie est annoncée, avec les grains qui l'accompagnent. Afin d'éviter que notre petite escapade entre amis finisse en galère, nous tentons de réserver une place au port de Propriano qui ne répondra pas ! Nous décidons de nous mette à l'abri dans le golfe de Tizzano.
La traversée jusque là se passe bien côté voile. Côté pêche, c'est une autre histoire. Nous avons navigué dans un banc de sardines pendant au moins 2 h incroyables durant les quelles nous avons vu des thons en chasse sauter de tous les côtés. Serge et Christophe étaient prêts à remonter un thon avec nos deux lignes à la traîne. Ils auront une sardine ! Dégoûtés !
A l'arrivée à Tizzano nous optons pour le mouillage face à la plage qui semble le plus abrité. A peine l'ancre posée sur son lit de sable, le ciel nous annonce un superbe grain. Nous passons de 10 à 32 noeuds en 10 minutes. La mer se lève d'un coup avec des creux de 1.50m. Le temps de réfléchir à une solution, un canot de la SNSM de Tizzano nous accoste. Nous les remercions de tout coeur de nous avoir éviter une nuit très désagréable ; En effet, ils nous apprennent qu'un simple déplacement de 300 mètres nous met à l'abri de la mer. C'est comme ça que l'on se retrouve dans l'avant port de Tizzano.
Aprés les émotions, un petit réconfort sur le joli port de Tizzano pendant que l'Endurance nous attend
Propriano ne nous ayant pas répondu, nous décidons de profiter du vent annoncé pour le lendemain pour retourner à Bonifacio et nous abriter des orages prévus sur les 2 jours à venir.
La météo n'étant pas une science .... je crois que je me répète !
Nous allons devoir nous aider du moteur et il n'y aura pas d'orage. Du moins pas tout de suite.
Mais finalement, nous n'avons pas de regret à retourner à Bonifacio : la pompe des wc nous lâche, et donc, arrêt technique obligatoire!
Maria et Serge récupèrent leur van et nous emmènent nous promener sur Porto Vecchio et la forêt de l'Ospedale.
Spécialités corses à Porto Vecchio . Oui oui ça va !
Porto Vecchio Vue sur la baie de Port Vecchio
Au tour de Serge et Maria de nous promener Lac de l'Ospedale
Avant de nous quitter, Maria nous concocte une super Paella pour notre dernier repas ensemble. Comme quoi, même dans notre petite cuisine il est possible de faire de grands plats!
Nous souhaitions partager notre quotidien avec nos amis. Ils auront été gâtés avec un concentré de notre vie : Du beau temps, de la pluie, du vent, de la pétole, un départ précipité en pleine nuit, un grain , une visite de la SNSM, des thons en chasse, Serge pêche une daurade, Maria deux petits sars, bains dans des eaux cristallines et une pompe de wc hors service... On ne pouvait pas faire mieux ! Ha oui, il manque les dauphins. Ce sera pour la prochaine fois.
Le 12 septembre, nos amis poursuivent leur visite de la CORSE, et nous, nous allons grenouiller dans le coin en attendant la livraison de notre pompe. C'est l'occasion de tester les toilettes sèches sur un bateau : nous avons pu récupérer de la sciure dans une menuiserie.
Nous retournons dans l'archipel des îles Lavezzi, puis c'est le golfe de Sant'Manza qui accueille l'Endurance seul au mouillage, et enfin la plage de Santa Giulia à Porto Vecchio, réputée pour être une des plus belles plages de Corse.
retour sur l'île de Cavallo
Golfe de Sant Amanza
Santa Giulia
Nous retournons à Bonifacio le samedi 19 septembre pour réceptionner notre colis à la capitainerie : une pompe toute neuve pour nos toilettes.
Il était temps ! L'expérience "toilettes sèches" n'a pas été concluante.
C'est dimanche 20 septembre que nous devons prende notre décision : Tour de Corse et côte Italienne avant de rejoindre Toulon ? ou retour en Sardaigne dont nous n'avons eu qu'un faible aperçu ? Comme à notre habitude le vent décidera et ce sera la Sardaigne par la côte Est qui nous parait plus sécurisante face au très gros coup de vent prévu pour les 25, 26 et 27 septembre.
Escale avant la traversée pour la Sardaigne devant le Golf de Sperone
Nouvelles baignades pour notre Fanfan qui a fêté ses 10 ans ... Déjà
Prochaine étape OLBIA en Sardaigne ...
Nous avons fait une vidéo de cette période. Le lien suit :
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