Dans-le-sillage-de-l-Endurance

Aujourd'hui 11 mai : 68 jours que nous sommes au port de Almérimar . 

C'est aussi aujourd'hui que la France entame sa période de déconfinement .

Pour nous, pas de grand changement , à  l'exception des promenades avec Fanfan, qui sont beaucoup plus longues et que nous pouvons effectuer en  couple depuis une semaine .

Le rythme "spécial confinement" ne varie pas beaucoup  : sport le matin et le soir grace à Aurore Lamiss (groupe facebook "le club des sportives en escarpins") , nettoyage  et rangement , cours d'espagnol, cuisine, lecture ... Christophe  se risque à un peu de sport assisté par son coach personnel, son fil Orens ! Il  trouve également toujours à bricoler, à inventer . Il est infatigable !

            Petits gâteaux à la noix de coco

Confection du filet à salade

Christophe tente une seconde fois la fabrication du fromage

Il a un meilleur aspect que la fois dernière                                       Encore 2 à 3 semaines 

Notre inépuisable matelot a remis à neuf le guindeau,  fabriqué dans une ancienne bouteille d'acétone un étui à manivelle de winch et a créé de toute pièce un filet à salade , améliore la fixation et l'étanchéité du bac de récupération des eaux de la douche ... Monte, descend, ponce, peint, vernit ...

Support pour mettre notre portable en charge                             Changement du chauffe eau

Support pour la tablette sur laquelle nous avons le renvoi du traceur situé à l'intérieur

Cependant, nous commençons à trouver le temps bien long et à redouter que cet intermède ne mette un coup de canif dans nos projets . On se renseigne et on réfléchit à une solution pour retourner en France avec le bateau afin d' être sur notre territoire en cas de prolongement de la fermeture des frontières  . Cela nous permettrait de travailler le temps de reprendre la navigation . L'Endurance est immatriculé à Ajaccio . Nous avons donc contacté le Port Tino Rossi . Le tarif pour 6 mois nous a refroidi ( 1200 € par mois) . Il faudrait y passer un an  pour avoir un tarif mensuel aux alentours 900 euros . Nous gardons dans un coin de notre tête cette possibilité et continuons à réfléchir en espérant que nous pourrons reprendre notre route au plus vite et que l'épisode Covid 19 sera pour tous un mauvais souvenir dont, nous l'espérons, chacun à son échelle en tirera des leçons .

L'atmosphère oppressante de "fin du monde"  s'est assouplie quand même . Depuis le dimanche 26 avril les enfants ont le droit de sortir de chez eux : ce sont les parents qui ont du être contents !

C'était étrange de revoir des gosses dans la marina et le long de la promenade qui longe la plage . 

On a pas pu s'empêcher de prendre en photo les premiers !!                 La petite famille du voilier d'à côté prend l'air aussi

Puis, le 2 mai a sonné le début d'un  déconfinement progressif . Quelques magasins supplémentaires ont ouvert comme les coiffeurs qui accueillent à nouveau des clients, surtout des clientes !

Les bars commencent à préparer leurs terrasses pour une reprise progressive de leur activité autorisée depuis  le 9 mai... à condition que personne ne soit à l'intérieur des établissements et que la terrasse utilise seulement  50% d'occupation .

Bon, certe tout cela est très bien mais côté mer, rien ne se passe ! Nous sommes confinés dans une Marina qui nous a déjà envoyé ses factures pour mai et juin .. Ho surprise ! en juin la place passe de 13,30 € par jour à 32,70 € . C'est moins que dans la plupart des ports français , mais  malgré tout quand on est supposé passer 70% de son temps au mouillage c'est un peu compliqué à gérer .

Sans compter le fait que nous ne nous plaisons pas beaucoup à Almerimar . La Marina est jolie, mais très sale, il n'y a pas de wifi, les sanitaires sont fermés et les emplacements de bateaux ne sont pas sécurisés :  nous avons de la circulation  à 2m du bateau et des piétons au ras de notre poupe . 

Ca se passe de commentaire                                                            Les mulets ont du mal à trouver un peu d'oxygène

Que fait ce barracuda perdu dans le Port !

                            Cette raie torpille n'a pas eu de chance

 

 

Nous regrettons Motril et son ambiance familiale qui nous faisait nous  sentir chez nous, où Fanfan pouvait ête lâchée et surtout où nous aurions pu compter sur la bienveillance de l'équipe de Marina Park pour avoir des informations  . Ici, nous glanons à droite , à gauche des bribes d'information , la Guardia Civil n'ayant pas toujours les mêmes que la Marina.

Nous avons contacté Roberto de la Marina de Motril pour lui exposer notre souhait de le rejoindre . Comme à son habitude, il a été trés prévenant et s'est renseigné afin de nous permettre de refaire en sens inverse les 36 milles qui nous séparent . L'idée qu'il a eu est très simple : nous demandons à revenir à Motril pour la reprise d'une intervention qu'il est supposé avoir effectuée sur notre Endurance et qui ne s'avère pas satisfaisante avant un grand départ . La Guardia Civil a donné son accord . Roberto nous a adressé tous les documents nécessaires à ce trajet . En dernier lieu, nous devions nous rendre au Port de Almérimar pour obtenir la signature du capitaine du Port au bas d'une feuille : notre sésame pour quitter Almerimar .

Un agent de la Guardia Civil interrogé 20 minutes avant d'aller à la capitainerie nous confirme que pour lui il n'y a pas de problème à ce que l'on se rende à Motril .

A la capitainerie, la signature nous est refusée .

Pourquoi ?

Parce que, le Ministère des Transport espagnol a édité un texte qu' Almerimar suit à la lettre , à savoir : au 6 mai, nous n'avons pas le droit de sortir du port sauf si nous sommes professionnels . De plus, l'employé qui nous reçoit nous indique que de toute manière jusqu'au  23 mai, il nous sera mpossible de sortir des limites de la région d' Alméria ... Or Motril se situe dans celle de Grenade .

Il est difficile d'en vouloir à Almérimar d'appliquer la loi ; malgré tout, nous sommes amers . Comment expliquer que  ni Motril ni  la Guardia Civil ne voient de problème où Almérimar en trouve d'insurmontables ...Cet excés de zèle dans une situation simple et sans risque (le risque étant pour le port d'arrivée) rapporte  2 mois supplémentaires de location de place au Port dont un en haute saison .

Nous devions partir le 6 mai . Le 4 mai, un voilier français quittait Gibraltar pour Cartagène avec toutes les autorisations. Ce sera sans commentaire !

Nous en prenons notre parti n'ayant pas le choix et nous repartons dans les projets d'aménagement qui ne manquent pas et dont le second du bord est friand .

Nous savons depuis notre départ que notre frigo, avec ses 42 litres  est bien trop petit pour nous permettre une autonomie de plus de 15 jours . On est déjà assez fier d'être arrivé à tenir  jusqu'à 10 jours . Cela peut faire sourire les marins qui n'ont pas la chance d'avoir un frigo et qui doivent se débrouiller avec une glacière . 

Mais l'Endurance est notre maison et notre objectif est d'être le moins possible tributaire d'un Port .

Donc, nous avons décidé de tirer profit de notre immobilisation qui s'éternise et, à force de gamberger, nous avons trouver où caser un nouveau réfrégirateur de 70 litres ( et oui ) . A peine l'emplacement trouvé, Christophe a commencé à tout préparer . Pour déplacer ce qui était rangé dans l'équipé concerné, il a créé des étagères dans des coffres bien trop profonds pour être parfaitement exploitables .

Incroyable ! En pensant condamner de la place, nous venons d'en gagner  !

Christophe se lance même dans la découpe artistique du bois                          Voilà le futur emplacement du frigo

Les équipés babord viennent de recevoir des étagères qui nous font gagner suffisament de place pour remplacer les trois rangements condamnés pour le frigo

Ceux d'entre vous  qui connaissent l'extravagance des tarifs pratiqués pour tout ce qui a trait au nautisme et à ce que l'on nomme "la plaisance" se disent : -"mais combien va leur coûter un réfrigérateur de 70 litres ? Un billet de 1000 , au bas mot !"

Et bien non . Nous avons commandé un frigo adapté aux petits espaces de maison . Il  est en 220 volt et nous allons le brancher sur notre convertisseur. Ses besoins seront largement couverts par l'énergie que nous tirons de nos panneaux solaires . Comble du luxe, nous allons même avoir un petit (tout petit) compartiment congélateur . Nous nous sommes inspirés de Cyril et Magalie Jagot qui ont installé un frigo/congélateur et une gazinière(non "spécial bateau") sur leur catamaran Black Lion . Ils ont l'air de s'en porter très bien ; tellement que leurs enfants Jonathan et Claire ont adopté le même principe sur leur monocoque Sagar Rani  . Nous pouvons nous fier à l'expérience de marins qui vivent sur l'eau autour du monde depuis 13 ans . Merci à eux !

Depuis le 9 mai, début de la phase 1, il est possible de pratiquer de la voile sportive de 6h à 10h et de 20h à 23h en rentrant bien sûr au port le soir ! Cela profite surtout aux wind surfeurs et kite surfeurs . Le déconfinement maritime va suivre 3 phases dont l'ultime est supposée s'achever le 23 mai, date de la fin de l'état d'alerte , sauf ... si prolongation !

Nous tenons ses précieuses informations de Sandy de La Mulotière partie également en tour du monde avec son mari et leur chien Mooring . Eux,  sont confinés sur leur voilier Topoïs aux Canaries . Sandy parle parfaitement l'espagnol et a la gentillesse de partager les nouvelles qu'elle arrive à glaner avec notre petite communauté de marins .

C'est sur cette image de liberté que nous vous disons à BIENTOT les AMIS