2020 : Le confinement
Cet article est rédigé à l'abri du confinement imposé pour ralentir la propagation du Coronavirus .
Nous sommes à Almérimar . L'Endurance est bien attaché à ses amarres et sa pendille et attend de pouvoir se libérer .
Il nous aura fallu du temps pour quitter Motril : 2 coups de vent se sont enchaînés ne laissant qu'une petite journée pour se diriger vers l'Est .
Le 27 février, notre amie Hélène atterri à Séville . Pour l'occasion, nous avons prévu de passer une nuit sur place ; elle ne connait pas Séville, et ce serait dommage de partir sans avoir eu un aperçu de ses merveilles . Une journée c'est bien sûr trop court, mais Hélène se promet d'y retourner .
Musée d'archéologie Cathédrale
SEVILLE by night Petit, Tout Petit bistrot
Quartier de la Macarena
Basilique de la Macarena Basilique de la Macarena
De retour sur Motril, nous faisons un crochet par Cordoue . La Mosquée Cathédrale est, nous a-t-on dit , un incontournable .
Nous ne regrettons pas ce détour .
Après avoir visiter la Cathédrale de Séville, le Palais de l'Alcazar et celui de l'Alhambra à Grenade, nous pensions avoir vu les monuments les plus remarquables de l'Andalousie .
J'ai été subjuguée par la Mosquée- Cathédrale de Cordoue . Le sentiment, une fois la porte passée est incroyable! C'est tout simplement immense : une forêt de colonnes, d'arches et de coupoles, des oeuvres d'art splendides .
Ce monument a traversé l'histoire : l'ébauche fut une basilique wisigothe ( 786-788), puis la splendeur califale (962-991) et enfin l'art du Gothique, de la Renaissance et du Baroque ( à partir de 1236) . En 1984, la Mosquée-Cathédrale de Cordoue est déclarée "Patrimoine Mondial" par l'Unesco, puis, en 2014 " Valeur Universelle Exceptionnelle"
C'est le monument qui m'a le plus touchée .
Alcazar de Cordoue
Mosquée Cathédrale
Pont romain de Cordoue
Nous arrivons au bateau vendredi 28 février en fin de journée . L'idéal aurait été de partir dès samedi matin, très tôt pour Carthagène . Seulement voilà : nous ne sommes pas prêts .
Les courses ne sont pas faites , pas plus que nos adieux à Roberto et son équipe de la Marina . Nous ne savons pas à ce moment là que le projet de partir dimanche va être largement compromis .
Pour comprendre un peu nos impératifs :
Mon père, en voyage au Brésil, nous a fait l'immense joie de nous laisser sa voiture depuis le 3 janvier . C'est grâce à lui que nous avons pu si facilement visiter la région et en faire profiter nos amis . La seule condition était de venir le chercher à l'aéroport de Alicante le 10 mars .
Nous avions dans l'idée de naviguer en nous rapprochant d'Alicante afin de lui éviter un aller retour de 9 heures pour nous ramener à Motril . Cela avait le double avantage d'être pratique pour mon père et de nous être agréable !
Hélène est une voileuse . Le programme de ses vacances était "visites et navigations" . La navigation est toujours soumise à de bonnes conditions météorologiques .
Après Séville et Cordoue, nous lui avons fait visiter Salobrena et nous avons dégusté les fameux poulpes à la braise, dont on ne se lasse pas .
Pas de danse au pied du palais Arabe de Salobrena et la vue ....
La météo a finalement décidé que nous ne pouvions pas partir dimanche .
Le vent d'ouest nous pousserait, mais un peu trop fort ! Météo Consult nous annonce jusqu'à 40 noeuds .
Nous décidons de repousser le départ à mercredi : c'est la seule journée de la semaine qui nous offre une petite fenêtre entre 2 coups de vent .
Dimanche, nous emmenons Hélène à Grenade . A défaut de naviguer, elle aura au moins bien visité le coin . Puis nous verrons Malaga mardi .
Malaga vue du chateau
Malaga
Le mercredi 4 mars nous quittons enfin Motril, pour notre première navigation de l'année . La météo nous permet d'aller jusqu'à Almérimar . C'est peu, mais c'est déjà ça !
De toute façon, nous devions retourner en voiture sur Alicante pour déposer Hélène à l'aéroport et récupérer papa à son retour du Brésil .
On surveille de "trés" prés la manoeuvre
Au revoir Motril
Un temps de rêve pour cette première sortie
Le jeudi 5 mars, je prends le bus de Almerimar à El Ejido . De là, j'enchaine avec un car qui me dépose à la gare routière de Motril , puis ... trotinette jusqu' à la Marina où je récupère la voiture de mon père .
Les adieux de Roberto et son équipe sont à la hauteur de leur accueil quelques mois auparavant . Nous avons été entourés d'une vraie bienveillance . Roberto n'a pas voulu que je règle les 10 jours supplémentaires passés dans la Marina à cause du temps, ni le parking privé pour la voiture pendant 2 mois .
Si nos pas nous portent à nouveau en Andalousie , nous ferons escale à Motril pour saluer Roberto : c'est sûr !
Marina de Almerimar Entrée du Port
Entre mercredi soir et jeudi ... Le vent est reparti de plus belle !
L'ENDURANCE nous attend
Nous laissons l'Endurance à Almerimar le vendredi 6 mars pour rejoindre Altéa où se trouve l'appartement de mon père .
Un arrêt à Alicante s'impose pour Hélène ...
Sur les hauteurs de Alicante Oui bien, ça nous a amusés !
Dernier jour ! petit apéro à Altea , Marina Greenwich
Allez un dernier selfie avant de rentrer sur Lyon, pour Hélène La très belle église de Altea, de nuit
Hélène décolle le dimanche 8 mars à 7h00 du matin . Une partie des voyageurs de son vol est masquée . En 10 jours , les choses ont changé .
La pandémie qui nous touche est omniprésente aux actualités depuis le début de l'année . Nous suivons, comme la plupart d'entre nous, son évolution . Quand, le virus se trouvait en Chine, il nous semblait bien loin . Depuis début mars, les premiers cas en Italie ont rapproché cette menace . Nous commençons à réaliser que nous ne serons pas épargnés . Tout va très vite . Il est heureux que mon père rentre du Brésil : nous serons tous plus près .
Le mardi 10 mars, quand nous le récupérons à l'aéroport, nous sentons que l'Espagne se crispe ! Lui, venant du Brésil, n'a pas encore pris la mesure de ce qui nous attend . Le Brésil n'est, à ce moment là, pas encore impacté .
Mais tout va vite ...
Le mercredi 11 mars, je me vois obligée de prendre un aller retour pour Bordeaux afin d' honorer un Rdv administratif important . Je me dis que je vais profiter de mes enfants une petite semaine en prime!
Tout va vite , vite ...
Papa nous ramène au bateau jeudi 12 . Je prends le bus pour El Ejido le vendredi 13 . Je suis partagée entre le bonheur de voir mes filles, et la crainte de ne pas pouvoir revenir . 3 heures après mon départ, alors que je suis dans un car désert en direction de Malaga où attend mon vol, je reçois un coup de fil de mon Rendez vous . Il est annulé . Toutes les administrations françaises sont sommées de fermer leurs portes au public pour une durée indéterminée à partir du 16 mars .
Je suis tiraillée entre l'envie de me rendre malgré tout à Bordeaux pour voir Eva et Anne et la peur de pas retrouver Christophe de si tôt ! Je fini par opter pour la prudence : pourquoi prendre le risque de me faire contaminer dans les transports en communs, alors que je n' ai plus aucune obligation ... Je suis en contact avec mes enfants par Messenger . Je vais être raisonnable .
Après être descendue à l'arrêt suivant ( Motril) , me voilà repartie vers Almerimar . Je suis derrière le chauffeur . Des consignes ont été affichées concernant les gestes de prévention à adopter pendant cette période de contamination . C'est la première fois que je vois cette affiche .
Je suis sur le bateau en fin d'après midi ce vendredi 13 mars .
Samedi 14 mars : nous allons prendre un verre au bar qui fait face à notre Endurance . C'est le dernier jour d'ouverture de cet établissement . L'Espagne demande la fermeture de tous les bars et restaurants pour le lendemain dimanche 15 mars . Le confinement de la population est officiel le lundi 16 .
16 mars. Tout est fermé
Cela fait 15 jours, nous sommes confinés sur notre Endurance .
Lundi 16 mars : Christophe avance sur la fabrication de notre déssalinisateur . Il traite également la rouille que nous avons repérée dans les fonds . Une journée presque normale sur l'Endurance . A cela prés que nous ne pouvons pas promener Fanfan sur la plage .
Mardi 17 mars : Ce matin, une voiture équipée d'un haut parleur a fait le tour du Port . Le message diffusé en espagnol, anglais et allemand nous invite à ne pas quitter nos navires ; sauf en cas de premières nécessités . Le conducteur est masqué et la voiture repasse plusieurs fois . Le message résonne dans toute la Marina qui est vide et laisse un malaise diffus .
Christophe travaille sur son dessalinisateur .
Un couple qui promenait son chien vient de se faire verbaliser devant notre bateau . Une seule personne est autorisée à accompagner son animal .
Mercredi 18 mars : Cette nuit le vent a soufflé très fort : 40 noeuds enregistrés . Nous avons du écarter le voilier voisin sur notre babord en reliant son étrave à celle de son voisin qui a deux pendilles , sans quoi il montait sur notre Endurance dans les rafales .
Christophe a presque fini le dessalinisateur : il lui manque le porte filtre et la cartouche d'osmose inverse . Avec son installation, nous pouvons d'ors et déjà filtrer l'eau avant le remplissage des cuves et la stériliser en cas de besoin . Bravo à "mon" génial bricoleur !
Jeudi 19 mars : Un voilier est arrivé cette nuit . Il est à l'ancre devant la plage .
Côté douche : Il nous arrive de nous trouver à 2 ou 3 dans les sanitaires du Port ; lesquels sont très petits (10 m² au plus) . Nous prenons la décision de ne plus nous y rendre . Christophe rebranche le chauffe-eau .
Un peu plus tard, pendant qu'il promène Fanfan, la Guardia Civil l'interpelle pour lui signifier que dorénavant le chien doit rester dans un rayon de 50 mètres du bateau .
Vendredi 20 mars : Début de journée avec 30 minutes de réveil musculaire ! Puis cardio training à 18 h . Ca y est ! Je me suis enfin mise au sport . Depuis le début du confinement j'y pense : le problème est que seule, ce n'est pas facile . J'ai trouvé le groupe " Baskets et escarpins "animé par Aurore Lamiss . Elle propose des cours différents chaque jour avec bonne humeur et l'envie de partager . Grace à Aurore et son initiative très sympathique, j'ai retrouvé le goût de me bouger .
Aujourd'hui un catamaran a quitté le port . On a du mal à comprendre les conditions de confinement pour les plaisanciers . L'interdiction de naviguer et d'accoster a été promulguée ; nous voyons malgré tout quelques mouvements .
L'espace n'est pas très grand .. Alors quand cela est possible, je sors Fanfan pendant mes séances de sport !
Dimanche 22 mars : Hier, un second catamaran a quitté le port vers l'ouest ; le monocoque qui était à l'ancre est maintenant au ponton d'accueil devant la capitainerie . Ce matin, un marinero casqué et ganté a toqué à la coque pour nous remettre une note : à partir de demain 10h00 le port sera désinfecté tous les jours .
Lundi 23 mars : Une journée ordinaire de confinement
- 7h45 : méditation
- 8h00 : Réveil musculaire
- Promenade de Fanfan
- Petit déjeuner
- Bricolage, créations en tout genre et aventures culinaires pour Christophe, ménage, lessive et rangement pour moi
- 3 canards nous ont adoptés et quand il me voient de loin, ils arrivent en cancanant : ça occupe bien quelques minutes !
- Couture, cuisine, lecture, cours d'espagnol, blog, coups de fil
- Courses
- Promenades de Fanfan ( au moins 4 fois)
- 18h00 : Cardio training
Finalement, les journées passent sans que l'on y prenne garde . Nous ne souffrons pas du manque d'espace . Contrairement à la plupart, nous avons l'habitude de vivre dans notre espace limité depuis 1 an et demi . Il n'y a donc pas de tension particulière entre nous : nous nous sommes déjà adaptés à une certaine forme de confinement .
Nous avons chacun nos activités et par chance on parvient à ne pas trop se gêner . Nous apprenons la tolérance et le respect . Même Fanfan a trouvé son rythme !
Mardi 24 mars : Aujourd'hui la Guardia Civil fait du zèle : je me suis faite arrêtée avec Fanfan ! L'ordre est donné de faire faire ses besoins au chien au pied du bateau ?! Nous demandons ce qu'il en est à la Capitainerie qui nous confirme qu'une équipe fait un peu trop dans l'esprit cow boy . Le Consulat joint quelque jours plus tard, validera qu'il n'y a aucune contrainte de distance pour promener son chien .
Mercredi 25 mars : Un voilier vient de partir . Il s'agit d'un français qui a eu l'autorisation de quitter Almerimar à la condition de rentrer directement vers son port d'attache . Il appareille pour Brest, qu'il prévoit donc de rejoindre d'une traite .
Un autre voilier, qui attendait que le vent se calme pour prendre une place dans le port vient de nous rejoindre . Il arbore le pavillon allemand ...
Christophe répare les feux de navigation du balcon avant qui donnaient quelques faiblesses . Ils sont optionnels, puisque nous en avons en tête de mât . Pourtant, à mon sens il est très important que ceux ci fonctionnent également .
Alors puisque l'on a du temps .
Journée lessive Réparation feux de navigation
Jeudi 26 et vendredi 27 : Branchement et essais de l'éolienne . Confection du pavillon Q (jaune), pavillon de quarantaine qui est hissé avant d'avoir l'autorisation d'accoster et d'arborer le pavillon du pays que l'on aborde . (hors UE)
Week end du 28 mars : nouvel essai culinaire pour Christophe ! Aprés la viande séchée ... le fromage .
Pour le premier, l'essai s'est transformé en réussite ; j'ai quand même un peu "beaucoup" tordu le nez quand le cuistot a commencé à promener sur le pont au soleil ses morceaux de filet mignon . Mais, il faut avouer que c'était bon .
La seconde expérience n'a pas eu le même succés : le lait n'a pas voulu cailler .
Avec Fanfan, on ne s'en est pas plaint !
Nous attendons avec un soupçon d'inquiétude la prochaine trouvaille du marmiton .
Nous profitons du soleil pour un goûter crêpes sur le pont .
Mardi 31 mars : Nous savons depuis hier que le confinement est prolongé jusqu'au 11 avril . Ce n'est évidement pas une surprise . Ici les contrôles se renforcent . La Capitainerie n'est plus accessible depuis ce matin . La Guardia Civil empêche tout départ de voilier pour l'instant .Le pays a dépassé les 8000 décés aujourd'hui ....
Nous restons sagement à bord . C'est de toute manière ce que nous avons de mieux à faire dans l'intérêt général .
Nous espérons que pour vous tous, cela va aller pour le mieux et que l'Après est pour bientôt .
Bon courage à tous !
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