Mai 2021 : Endurance, nous revoilà !
Le lundi 26 avril 2021 .
C'est après une longue pause de 6 mois, que nous retrouvons notre fidèle Endurance à Stintino. Il doit être au moins aussi impatient que nous de reprendre le cours de sa navigation sur la Grande Bleue.
Le trajet avec Corsica Ferries s'est passé à merveille. Nous avons eu droit à une cabine : le grand luxe ! Quinze heures de traversée sont passées bien plus vite que celles de l'aller, quand nous avions du squatter un morceau de couloir.
Le bateau était tristement vide suite au nouveau confinement imposé par le gouvernement pour lutter contre le COVID, ainsi qu'aux mesures mises en place par la Sardaigne devenue " rouge "( sur une échelle de blanc à rouge).
Le pilote qui rejoint son embarcation : un acrobate Le luxe d'une cabine
Le bateau est désert. Rien que pour nous !
La Corse dans le sillage
A notre arrivée à Porto Torrès, il y avait plus de représentants des forces de l'orde que de passagers. Notre test PCR négatif en poche nous embarquons dans le taxi de Giuseppe qui nous attendait.
La dernière demi heure a été longue.
A peine entamée la descente qui nous mène à la Marina, nous cherchions des yeux l'Endurance. Quelle joie de le voir flotter à sa place bien sagement !
Après un petit "ciao" à Massimiliano, le responsable de la Marina, nous retrouvons notre "chez nous" .
Fanfan n'a pas l'air de partager franchement notre enthousiasme : quand Christophe pose la passerelle pour accéder à bord, elle fait demi-tour ... Aïe, c'est pas gagné.
Finalement, sa patte est redevenue marine très vite et surtout, elle est 100% de son temps avec nous : le rêve !
6 mois d'absence ont laissé quelques traces et nous nous mettons au travail sans tarder. Grâce à Massimiliano, le pont a été nettoyé à deux reprises. Quand on voit l'état dans lequel il se trouve, on se dit que nous avons été bien inspirés de le lui demander. On nous a rapporté que des centaines de bergeronnettes avaient élu domicile sur l'Endurance pendant l'hiver. Elles ont même niché dans les bômes, sous l'annexe, dans tous les recoins.
Nous avons du pain sur la planche, ce qui tombe plutôt bien, puisque nous devons observer une quarantaine fiduciaire ( lire quarantaine basée sur la confiance ) de 5 jours, avant de passer un nouveau test PCR. Donc pas de regret de ne pas pouvoir bouger : de toutes les façons, la Sardaigne est "rouge" ( risque maximum Covid ) et nous sommes confinés.
Après l'hivernage, la remise en forme et en beauté d'un bateau n'est pas de tout repos. En plus du nettoyage du pont et des fonds, il faut remettre en service le moteur, le moteur de l'annexe, installer les voiles d'avant sur leur enrouleur respectif, coudre la bande anti UV du génois et le bag de la grand voile, traiter la rouille ( tient ça faisait longtemps ! ) etc ...
Et tout ceci s'accompagne de son lot de surprises.
La première : notre précieux lave linge nous lâche. En six mois, un dépôt extrêmement bizarre s'est accumulé et lors de notre première lessive, le filtre s'est bouché, avec comme résultat une belle fuite d'eau. A la seconde lessive ( têtus nous ?) , le tambour se bloque. Nous pensons que le moteur est mort. Après démpontage, Christophe nous laisse l'espoir d'une possible réparation quand nous trouverons un magasin où nous procurer des pièces et des conseils.
Deuxième surprise : nos batteries de services sont complètement HS. Là c'est pas bon !
La troisième concerne le moteur : à sa mise en service, nous essayons d'avoir accés au rotor de la pompe à eau de mer, en vain. Une des vis de la plaque couvercle est foirée et il nous est impossible de vérifier si le rotor est en bon état. Il va falloir faire intervenir un mécanicien, car Christophe a beau essayer, rien n'y fait.
Nouvelles chaises de naviagtion " maison"
Les cinq jours de quarantaine passent sans que l'on s'en aperçoive. Il faut dire que la Marina étant vide, Massimiliano nous laisse aller faire nos courses au village ( désert lui aussi). Nous vivons une quarantaine bien enviable, entre bricolage et promenades.
Ponton privé au fond d'une étroite crique
Le jour du nouveau test PCR arrive et nous nous fendons de 140 € ( prix d'amis ) pour avoir l'autorisation de nous balader en Sardaigne. Mais attention, seulement quand l'île passera au "jaune".
Stintino by night
Nous passons du "rouge à l'orange" sans que cela ne change rien pour nous. Nos mouvements restent encore limités. Nous avons malgré tout la possibilité de partir à Porto Torres pour caréner notre Endurance. Il n'y a que 8 milles à parcourir. Nous les couvrirons au moteur, faute de batteries de servitude en état (en attente de livraison).
En route pour Porto Torres
Le mercredi 5 mai, soit 9 jours après notre arrivée sur le sol sarde, nous quittons Stintino pour Porto Torrès. Première sortie pour l'Endurance. Ce petit trajet de 1H30 est bien venu. Nous sommes heureux de prendre la mer.
Nous arrivons dans un chantier étrange, perdu au fond d'une immense raffinerie désaffectée. Il règne ici un air de fin du monde. C'est Michel et Laure, que nous avons rencontrés à Stintino qui nous ont indiqué ce chantier dont Michel connait bien le gérant. Ils nous y accompagnent avec leur voilier qui attend quelques réparations avant un départ pour la Corse.
Qui connait la vie des chantiers dans le sud de lItalie ne sera pas étonné d'apprendre que nous y sommes toujours au moment où j'écris ces lignes, soit le 16 mai. Nous devions repartir le 10 !
Le jour de notre arrivée, à 11h30, Manolo le gérant, nous explique que nous devons attendre un peu avant de pouvoir sortir le bateau. L'Endurance est amarré au quai contre la darse . Le lendemain, à la même heure, tout en s'excusant de la situation, Manolo nous demande d'attendre la fin de la journée. Ce sera finalement un jour après, vendredi 7, à 16h30. Les gars du chantier n'ayant pas envie de faire des heures supplémentaires, nous resterons sous le travel lift, quille posée et tenus par les sangles pour le week end.
Manolo, conscient de la perte de temps que nous subissons, nous propose d'utiliser le Karsher du chantier pour le nettoyage de la coque. Il faut savoir que ce travail incombait à son équipe. Si nous les attendons jusqu'à lundi , nous perdons deux jours de beau temps parfaits pour notre carénage. Ces jours sont précieux puisque nous attendons de la pluie pour mardi.
Manolo a été très chouette avec nous. Nous n'avions prévu que 6 jours de provisions ; il nous a amenés à Porto Torrès ( quelques 10 km) pour nous ravitaillés.
Sortie de l'eau Toujours stressant
Ce qu'il reste de la raffinerie
Promenades en attendant la remise à l'eau
Des bateaux attendent ... leur propriétaires ou.. la destruction
Cette belle unité sert d'abri à Fanfan pendant le carénage
Nous travaillons plutôt bien sur notre Endurance : le Dox Anode est passé dans le week end. Lundi Manolo nous pose sur ber nous permettant de finir les oeuvres vives. Christophe reprend les quelques points de rouille des oeuvres mortes et ... ho mince ! nous n'avons pas assez de peinture. Nous avons pris un pot de peinture grise pour de la blanche. Ce n'est pas grave, les reprises à faire sont bien au-dessus de la ligne de flotaison et pourront être achevées au mouillage. Mais tout de même, à la mise à l'eau vendredi 14 mai, nous nous sentons un peu idiots de voir notre beau voilier encore tout tâcheté retourner à la mer.
Remise à l'eau
Nous passons pour de vrais excentriques quand un voisin italien nous fait remarquer que notre peinture n'est pas achevée et s'inquiète de savoir si nous partons comme ça. Christophe lui répond dans un haussement d'épaules que " ben oui, c'est pas fini .. et alors ?!"
Maintenant, il nous reste à attendre le mécanicien qui va nous aider à accéder à notre rotor de pompe à eau de mer et à remédier aux fuites que nous avons détectées sur le trajet depuis Stintino.
Le week end s'avère trés venteux. Nous sommes amarrés arrière au quai et avons du jeter l'ancre à quelques 60 mètres à l'avant car il n'y a pas de pendille. Le vent restera dans un angle de 100 à 180° par rapport à notre étrave, ce qui nous rassure .
La fin de la semaine et tous les après midi après 17h00, le groupe électrogène qui alimente le chantier en électricité est coupé. Nous jonglons avec l'éolienne et les panneaux pour alimenter les deux seules batteries qui restent. Elles sont moribondes et nous devons tous les soirs couper le frigo. Il nous tarde de pouvoir être à nouveau autonones.
Nous occupons nos journées en bricolage, promenades avec Fanfan et pêche pour Christophe. Les promenades sont limitées à la surface du chantier qui est sur un site sensible. Il est interdit d'en sortir. D'ailleurs, si l'accés par la mer est très aisé, celui par la terre est particulièrement complexe. La raffinerie est gardée par du personnel armé et nous devons être autorisés pour pouvoir rentrer.
Lundi 18, comme prévu, Alessandro, le mécanicien vient nous rendre visite. Il est efficace et nous pouvons envisager un départ pour le lendemain.
Nous quittons le chantier mardi, et avons la mauvaise surprise de constater que la pression d'huile moteur est beaucoup trop élevée après de 20 minutes de moteur.
Alessandro joint par téléphone nous rassure : il pense que c'est un problème électrique. Il nous rapellera 1 heure plus tard pour s'assurer que tout va bien et sera le soir même à bord, à Stintino. Nous avons apprécié sa réactivité et sa gentillesse. Il avait raison : la force de l'habitude ! Notre jauge de pression d'huile moteur s'était un peu déconnectée suite, vraissemblablement à son intervention. Il faut dire que l'accessibilité au moteur n'est pas extraordinaire.
Nous avons enfin reçu nos batteries de servitude avec queques jours de retard. Après toute la journée de vendredi dédiée à leur pose ( et oui, rien n'est simple et rapide sur un bateau), nous les testons 2 jours, dont un sans soleil, et convenons que nous avons bien fait de passer à des batteries 250 ampères ( les anciennes étaient de 130 ampères).
Maintenant, nous attendons sagement qu'un petit coup de vent d'Est passe et que l'ouest revienne souffler pour nous porter vers les îles de la Maddalena. Une escale "ravitaillement" est prévue à la Marina de Porto Torres et nous attendons de savoir si nous pourrons nous y arrêter sans subir un nouveau test PCR.
Sur le site du Gouvernement italien, il semble que ce soit possibile puisque la Sardaigne est en "jaune".
Sauf que ... chaque région autonome décide d'adopter ou pas, ou encore de transformer les consignes nationales. Après un coup de fil au Consulat de France à Cagliari, nous ne sommes pas plus avancés. Notre interlocuteur ne sait pas nous répondre .
C'est donc par mail que nous attendons une réponse de la Marina de Porto Torres ( le capitaine décidera) et du service sanitaire de la Région de Sardaigne.
Si nous prenons cette précaution, c'est que nous avons vu hier deux voiliers se faire refouler de Stintino ( alors qu'un coup de vent était annoncé).
Nous vivons dans un drôle de monde.
Patience !
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